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Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Et après avoir analysé longuement ces personnages, Pie X
essaie d'indiquer les causes de leurs erreurs, — la curiosité,
l'orgueil, l'ignorance de la philosophie scolastique, — et
de prescrire les remèdes propres à retrancher le mal.

Ces remèdes, qui doivent refaire au clergé contemporain
une mentalité parfaitement orthodoxe, sont au nombre de 7.
En voici le résumé :

I. « Que la philosophie scolastique soit mise à la base des
sciences sacrées ». « Evidemment, il faut donner plus d'importance que par le passé à la théologie positive, mais sans le moindre détriment pour la théologie scolastique. » L'étude des sciences naturelles ne doit pas non plus porter préjudice aux sciences sacrées.

II. Qui, d'une manière ou d'une autre, se montre imbu de
modernisme, ou néglige les sciences sacrées, ou paraît leur préférer les profanes, sera exclu sans merci des chaires des séminaires ou universités catholiques. Loin, bien loin du sacerdoce, l'esprit de nouveauté ! « Que le doctorat en théologie et en droit canonique ne soit plus conféré désormais à quiconque n'aura pas suivi le cours régulier de philosophie scolastique ; conféré, qu'il soit tenu pour nul et de nulle valeur»-... « Défense est faite aux clercs et aux prêtres qui ont pris quelque inscription dans une Université ou Institut catholique de suivre pour les matières qui y sont professées les cours des Universités civiles. »

III. Que tous les livres, journaux, revues entachés de
modernisme ne soient pas laissés aux mains des élèves,
dans les séminaires ou dans les universités : « ils ne sont pas, en effet, moins pernicieux que les écrits contre les bonnes mœurs, ils le sont même davantage, car ils empoisonnent la vie chrétienne dans sa source. Il n'y a pas à juger autrement certains ouvrages publiés par des catholiques, hommes dont on ne peut suspecter l'esprit, mais qui, dépourvus de connaissances théologiques et imbus de philosophie moderne, s'évertuent à concilier celle-ci par la foi, et à l'utiliser, comme ils disent, au profit de la foi . Lus de confiance, à cause du nom et du bon renom des auteurs, ils ont pour effet, et c'est ce qui les rend plus dangereux, de faire glisser lentement vers le modernisme. »

Un évêque doit faire tout au inonde pour bannir de son
diocèse, « tout livre pernicieux, recourant, pour cela, s'il en est besoin, à l'interdiction solennelle ». Que les évêques ne se laissent pas arrêter par le fait qu'un auteur a pu obtenir d'ailleurs l' imprimatur : cet imprimatur peut-être apocryphe, ou il a pu être accordé sur examen inattentif, ou encore par trop de bienveillance ou de confiance à l'égard de l'auteur.

Que si des libraires s'obstinent à trafiquer de produits
délétères, les évêques n'hésitent pas, après monition, à les priver du titre de libraires catholiques ou épiscopaux.

IV. Que les évêques usent de la plus grande sévérité en
accordant la permission d'imprimer des livres. Qu'il y ait,
dans toutes les curies épiscopales, des censeurs d'office,
chargés de l'examen des ouvrages à publier.
Défense aux membres du clergé, tant séculier que régulier, de prendre la direction de journaux ou de revues sans la permission des Ordinaires. « Qu'à chaque journal et revue, il soit assigné, autant que faire se pourra, un censeur, dont ce sera le devoir de parcourir en temps opportun, chaque numéro publié, et s'il y rencontre quelque idée dangereuse, d'en imposer au plus tôt la rétractation. »

V. « Que désormais les évêques ne permettent plus, ou que très rarement, de Congrès sacerdotaux... A ces sortes de Congrès qui ne pourront se tenir que sur autorisation écrite, accordée en temps opportun, et particulière pour chaque cas, les prêtres des diocèses étrangers ne pourront intervenir, sans une permission pareillement écrite de leur Ordinaire. »

VI. Pour assurer l'exécution des mesures précédentes,
chaque évêque devra instituer sans retard, dans son diocèse, un « Conseil de vigilance » qui se réunira tous les deux mois, sous sa présidence et dont les délibérations et décisions seront tenues secrètes. « L'attention de ses membres se fixera très particulièrement sur la nouveauté des mots. » Ils ne permettront pas qu'on parle « d'ordre nouveau de vie chrétienne, de nouvelles doctrines de l'Eglise, de nouveaux besoins de l'âme chrétienne, de nouvelle vocation sociale du clergé, de nouvelle
humanité chrétienne et d'autres choses du même genre. Ils surveilleront pareillement les ouvrages où l'on traite de
pieuses traditions locales et de reliques... Enfin ils doivent
avoir l'œil assidûment et diligemment ouvert sur les institutions sociales et sur tous les écrits qui traitent de questions sociales. »

VII. Et de peur que ces prescriptions tombent dans l'oubli,
dans un an et ensuite tous les trois ans, les évêques et les
supérieurs des ordres religieux devront rendre compte au
Saint-Siège, sous la foi du serment, de la façon dont s'exé-
cutent les règles prescrites par le souverain pontife, dans
leurs diocèses et parmi leurs sujets.

Le pape concluait ainsi :

« Voilà, Vénérables Frères, ce que Nous avons cru devoir vous dire pour le salut de tout croyant. Les adversaires de l'Eglise en abuseront sans doute pour reprendre la vieille calomnie qui la représente comme l'ennemie de la science et du progrès de l'humanité. Afin d'opposer une réponse encore inédite à cette accusation — que d'ailleurs l'histoire de la religion chrétienne, avec ses éternels témoignages, réduit à néant, — Nous avons
conçu le dessein de seconder de tout Notre pouvoir la fondation d'une Institution particulière, qui groupera les plus illustres représentants de la science parmi les catholiques, et qui aura pour but de favoriser, avec la vérité catholique pour lumière et pour guide, le progrès de tout ce que l'on peut désigner sous les noms de science et d'érudition. Plaise à Dieu que nous puissions
réaliser ce dessein avec le concours de tous ceux qui ont l'amour sincère de l'Eglise de Jésus-Christ. »

Chapitre douzième. L'encyclique Pascendi


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" Je crois à la pluralité des mondes. Je crois que ces mondes s'échelonnent dans l'ordre du bonheur, comme les êtres s'échelonnent dans l'ordre de la perfection. Je crois à la pluralité des mondes par les analogies que me découvre l'astronomie. J'y crois encore par l'idée que je me fais des conceptions infinies de Dieu et de son activité créatrice. Si Dieu a créé notre monde, il y a mille raisons de croire qu'il en a créé d'autres, que parmi eux il y en a probablement d'inférieurs au nôtre et d'autres qui lui sont supérieurs. Ne nous demandons pas alors pourquoi Dieu n'a pas créé de préférence un monde meilleur que celui-ci. Il ne choisit pas entre les mondes qu'il veut créer, il les réalise tous, — simultanément ou successivement, je n'entre pas dans cette considération, — je dis qu'il les réalise tous. En un mot Dieu réalise l'harmonie infinie de sa pensée et notre monde, encore une fois, fait partie de cette harmonie. A nous de faire le bien et de supporter le mal et de nous transformer dans celte épreuve par la vertu, afin de faire de nous des êtres nouveaux et de passer dans un monde meilleur. "

Abbé Cédoz
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Un pieux laïque, M. Edouard Le Roy, professeur de mathématiques dans l'Université, partisan de la théologie de M. Loisy, qu'il ne comprenait peut-être pas très bien esprit peu original, mais dialecticien puissant, résolut d'adresser aux théologiens, si sûrs d'eux-mêmes, une simple question : « Qu'est-ce qu'un dogme ? »
Il la leur posa dans la revue publiée par son ami M. George Fonse-grive, La Quinzaine.

M. Le Roy soutenait que la vraie philosophie et la science
éprouvent une légitime répulsion contre les dogmes, 1° parce que ceux mêmes qui les affirment vrais déclarent impossible qu'on parvienne jamais à saisir les raisons intimes de leur vérité; 2° parce qu'ils sont invérifiables, même par une démonstration indirecte ; 3° parce qu'ils sont inintelligibles et impensables; 4° parce qu'ils sont sans rapports avec la vie intellectuelle intellectuelle effective.

« En fait, disait M. Le Roy, je ne vois pas qu'on ait jamais
répondu à celte argumentation que par des subtilités sans valeur ou par des artifices de rhétorique. Mais l'éloquence n'est pas une preuve, ni la diplomatie... Parlant en philosophe, je me déclare incapable de penser autrement que nos adversaires sur les points rappelés ci-dessus... Voici, pourrais-je dire, sous quelle forme l'expérience m'a montré que la nolion du dogme est le plus facilement assimilable aux intelligences d'aujourd'hui :

Un dogme a surtout un sens pratique. Il énonce avant tout une prescription d'ordre pratique. Il est plus que tout la formule d'une règle de conduite pratique. Là est sa principale valeur, là sa signification positive...

« Dieu est personnel » veut dire : « comportez-vous dans vos relations avec Dieu comme dans vos relations avec une personne humaine ». Pareillement « Jésus est ressuscité » veut dire : « soyez par rapport à Lui comme vous auriez été avant sa mort, comme vous êtes vis-à-vis d'un contemporain ». De même encore le dogme de la présence réelle veut dire qu'il faut avoir en face de l'hostie consacrée une attitude identique à celle qu'on aurait en face de Jésus devenu visible.

« Mystères pour l'intelligence désireuse de théories explicatives, ces dogmes sont néanmoins susceptibles d'énoncés parfaitement nets quant à ce qu'ils prescrivent à notre activité. Le langage du sens commun est alors à sa place ainsi que l'emploi des symboles anthropomorphiques et l'usage des analogies ou métaphores, et ni l'un ni l'autre n'engendrent d'insolubles complications, puisqu'il s'agit uniquement celte fois de propositions relatives à l'homme et à ses attitudes. »

Chapitre neuvième
Les débuts du pontificat de Pie X

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M. de Hûgel pose comme postulat que le savant doit croire et que le croyant doit savoir. Il écrivait, à un de ses correspondants, le 1er juin 1903 :

« Nous avons à vivre et à créer, non une chose simple : la science sincère, mais une chose complexe, — complexe, coûteuse, mais consolante, comme est toute vie réelle et vécue, — la science sincère en et avec une religion profonde et historique, en et avec un catholicisme vivant parce que toujours renouvelé et réexpérimenté. Or, c'est tout juste en cette combinaison que réside la difficulté: lui dédier sa vie, c'est ce qu'il y a, je crois, de plus glorieusement dévoué et douloureusement fécond au monde. Car je ne me fais point d'illusion sur ce point : s'il semble bien dur qu'on ne puisse vivre et mourir en savant sincère (savant, bien entendu, en des matières historico-philosophico-religieuses) en l'Eglise, sans doubler cette activité par un dévouement d'homme profondément intérieur; s'il paraît que l'on ail le droit de dire halte à Dieu et aux hommes et d'insister qu'ils n'ont pas le droit d'exiger de nous plus que la solidité et persévérance d'un honnête homme moyen : tout cela est faux, tout cela croule et craque, de fait, dans les circonstances qui ont été faites, lentement, depuis plusieurs siècles, pour le savant catholique d'aujourd'hui. Et pour ma part, vu la profonde réalité de la vie intérieure, et que là, au fond, se trouve la vraie grandeur et joie de l'homme, — j'ai fini en bénissant Dieu (dans les moments de résignation laissés libres par les crises et par les chocs) de cette nécessité en apparence si brutale, de me faire pardonner mes idées par ma vie et mon aspiration spirituelles et m'adoucir et m'apprivoiser moi-même à tout ceci, comme instrument de mon assouplissement fortifiant. »

Si touchante que soit cette philosophie mystique, il est peu probable que l'esprit moderne la goûte. Il est trop porté à croire que tout homme, qu'il soit né chrétien, israélite, musulman ou bouddhiste, doit, avant tout, pour être sûr de ne pas se tromper, créer une chose simple : la science sincère,
science qui n'exclut sans doute pas une religion profonde, mais qui pourrait bien exclure les croyances réputées orthodoxes dans les confessions religieuses auxquelles on appartient par la naissance.

Chapitre quatrième. Le libéralisme religieux à l'étranger
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« N'ôtons pas à l'Humanité les moyens si humbles, si imparfaits soient-ils, qui l'aident à en réaliser quelques traits. A ceux qui les acceptent machinalement, par pure habitude, ou sans les comprendre, expliquons le vrai sens, la haute portée morale des dogmes, des cérémonies qui nous viennent du Christ. Croyez- moi, leur contenu idéal n'est pas près d'être épuisé ; je puis donc, — et je dois — en user sans que l'on me taxe d'hypocrisie. D'ailleurs, si j'ai foi en l'Evangile, j'ai foi en la Raison, et je salue de loin le jour où les découvertes de la critique et des sciences naturelles ayant été vulgarisées, l'Eglise en tiendra compte dans les formules de son enseignement. Laissez à ce grand organisme humano-divin le temps d'éliminer certains éléments désormais sans valeur qu'il s'était assimilés à Jérusalem, dans la vieille Rome, à Byzance ou pendant le moyen âge. Alors enfin s'effectuera la conciliation de la religion et de la science, parce que leur rôle réciproque sera nettement compris : à la religion d'entretenir dans les âmes le sens de l'idéal, de ce qui doit être ; à la science de nous faire connaître clairement les exigences de la réalité ; à l'individu, de se rendre maître consciemment de ces deux forces, de les unir, de les composer entre elles et de vivre d'après leur résultante. Plus l'Humanité progressera, mieux on comprendra que l'Evangile, l'Eglise, ne sont pas des machines, distribuant toutes faites, la vérité et la force morale, mais des secours providentiels destinés à secourir, exciter l'individu dans son effort continuel vers le mieux. Car rien ne se fait, aucun progrès ne se réalise, que par l'individu ; d'autre part, comme dans toute évolution véritable, le progrès ne peut s'imposer du dehors et de vive force ; il doit venir du dedans »

M. Hébert a exposé ces idées sous la forme d'un dialogue tenu par lui avec un capucin libéral. Ce capucin est purement imaginaire et le dialogue a été simplement pris comme un genre littéraire permettant de poser et de résoudre plus vivement certaines questions.

Chapitre troisième : une nouvelle apologétique
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Sur ces entrefaites parut à Rome, le 28 octobre, un livre
intitulé : « Le Programme des Modernistes, Réponse à l'Encyclique de Pie X. »

Le livre réfute d'abord l'assertion fondamentale de l'en-
cyclique, à savoir que le modernisme serait un système
philosophique et que ses méthodes de critique biblique et
historique dépendraient de cette philosophie. Le modernisme ne découle pas de la philosophie, mais de la critique positive. C'est parce que l'enseignement traditionnel est démenti par les faits que les novateurs ont cherché une autre doctrine. Et le livre expose le conflit de la vieille théologie et de la science sur des faits au sujet desquels il est facile de se faire une conviction : l'authenticité du verset des trois témoins célestes, ]a critique littéraire de la Bible, l'histoire de l'évolution du christianisme.
Les auteurs répondent ensuite au reproche d'agnosticisme et d'immanentisme. Le modernisme de Pie X, disent-ils, n'est pas le modernisme des modernistes. Le pape a condamné une doctrine qui n'est point la nôtre. (...)

La publication de ce livre, son contenu, causèrent une
profonde impression. Le lendemain même de sa mise en
vente, Pie X en défendit la lecture sous peine de péché
mortel et il frappa ses auteurs et tous ceux qui avaient pu y coopérer, de quelque manière que ce fût, de la peine d'une excommunication, dont il se réservait à lui seul l'absolution.
Peut-être se flattait-il, en portant ces sanctions, que les
auteurs du livre n'oseraient plus célébrer la messe et que,
par conséquent, ils seraient découverts. Les choses ne se
passèrent point ainsi. Aucun prêtre romain ne changea ses habitudes cultuelles et l'on put croire que les auteurs de la réponse formaient une Société aussi résolue que parfaite-ment organisée. Mais quel que fût le nombre des modernistes, il paraissait certain que les principaux d'entre eux, Tyrrell en Angleterre, les auteurs du Programme en Italie, étaient résolus à résister au pape et, dans tous les pays, la presse libérale leur semblait favorable.

Chapitre douzième. L'encyclique Pascendi

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« Nous n'en voulons plus de ce Dieu infiniment juste qui punirait les crimes jusqu'à la quatrième génération et se permettrait tous les arbitraires, toutes les partialités ; de ce Dieu infiniment bon qui torturerait l'éternité tout entière ceux qui ne l'ont pas aimé ! Nous prétendons chercher et trouver une manière moins dangereuse, moins sujette à l'abus, d'objectiver notre sens du Divin. Cette première formule modifiée, les autres se transformeraient d'elles-mêmes. Par exemple, si nous employions, au lieu de l'image populaire, l'image stoïcienne, si, au lieu de parler d'un Dieu personnel, nous parlions de l'éternelle Loi, d'après laquelle la beauté, la bonté, la justice, se réalisent dans le monde, la prière ne serait plus la supplication d'un mendiant intéressé, mais l'effort énergique, accompagné de paroles et de souhaits, pour cette réalisation du Bien : le Miracle, sa réalisation même où éclate évidemment une force supérieure à celle que nous voyons en jeu dans les combinaisons purement mécaniques... » « L'Evangile serait de la sorte débarrassé de sa gangue de croyances populaires et de prestiges magiques ; il deviendrait l'incontestable révélation du Divin par la vie et la mort du Christ, la proclamation incomparable de la Loi de justice et d'amour ; dès lors, il serait accepté de toute conscience droite.
Et la moralité deviendrait une moralité vraie, car l'homme se soumettrait librement à sa Loi, non parce qu'un maître la lui impose, mais parce qu'il en sent la valeur ! Le Dieu-gendarme que l'on prêche au catéchisme convient à des sauvages, non à des êtres libres. Mais, hélas !
On s'inquiète bien de rendre intelligentes et libres les masses populaires ! Ce que cherchent, au contraire, les conservateurs qui ont, pour ainsi dire, domestiqué à leur profit la religion, c'est à restreindre et à entraver la réflexion, de peur que l'on ne touche aux vieilles images sur lesquelles reposent leurs privilèges et leurs conventions morales»...

Chapitre troisième : une nouvelle apologétique
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Pendant qu'un mathématicien français jetait le trouble chez les théologiens, un romancier italien, Antonio Fogazzaro s'apprêtait à plaider devant les peuples eux-mêmes la cause de la nouvelle théologie et de la réforme catholique.
Esprit délicat, ingénieux, poétique, sans grande force de
pensée, romantique, conservateur, Fogazzaro considérait le catholicisme comme le rêve qui idéalise la vie des peuples latins et comme le cadre de leur civilisation. Qu'il le crût d'institution divine, il semble difficile de le penser, tellement il partageait les idées de son ami le Père Tyrrell, mais il n'entendait pas qu'on discutât la question. Il voulait rajeunir l'Eglise, l'adapter aux temps présents. Le travail de notre génération devait être de lui faire accepter ce principe d'adaptation. Les générations suivantes l'appliqueraient selon les besoins. Ne pas aller trop vite, ne pas manquer de mesure : telle était sa grande règle d'action. Mais surtout il n'admettait pas qu'un catholique latin sortît de l'Eglise romaine : tout en la combattant pour la transformer, on devait, pour lui plaire, s'arranger du moins pour y mourir.

Ce fut dans ces dispositions et ces conjonctures que
Fogazzaro écrivit le touchant roman du Saint,- Il Santo,
personnage très moderne, cousin germain du Père Hecker, qui s'en va naïvement demander au pape la réforme de l'Eglise en lui exposant que quatre grands vices rongent l'institution : l'esprit de mensonge, l'esprit de domination, l'esprit d'avarice, l'esprit d'immobilité. Et le pape lui répond qu'il doit mesurer ses commandements à la capacité de ses fidèles, qu'il est vieux et fatigué ; puis le bénit tendrement.
« Si nous détachons ces discours de la narration du roman, dit un moderniste, nous avons dans nos mains un résumé de ce qu'il y a d'essentiel dans la pensée des Blonde), des Laberthonnière, des Loisy, des Newman, des Tyrrell. »

Chapitre neuvième
Les débuts du pontificat de Pie X
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Au fur et à mesure que le conflit entre les conceptions scientifiques du monde et les croyances traditionnelles est devenu plus apparent, le désir de l'adaptation s'est répandu parmi les fidèles de toutes les théologies et de toutes les religions. Présentement il y a des modernistes dans les différentes branches de l'église grecque orthodoxe et dans le protestantisme, le judaïsme, l'islamisme, dans le bouddhisme, le shintoïsme , toutes religions mises à mai par les découvertes scientifiques. El toutes ces religions ont vu s'éloigner de leur orthodoxie ou même leur refuser complètement toute adhésion, des âmes qui en ont conservé, pour ainsi dire, la nostalgie et qui par là-même sont encore à leur façon, des modernistes. Tel, par exemple, se montre Renan qui s'exprime en parfait moderniste catholique dans son roman de Patrice, dans nombre de passages de ses ouvrages et de ses lettres, notamment dans celle qu'il écrivait, en 1881, à un sulpicien, lui aussi moderniste : « L'Eglise catholique est une si gronde chose, sa situation présente est si extraordinaire, si tragique, que notre siècle verra peut-être une de ces crises où la logique des scolastiques est en défaut. Je persiste à croire que notre vieille mère est féconde encore, et que d'elle, malgré les apparences, sortira la forme religieuse où la conscience humaine trouvera le repos. L'Eglise catholique ne pourra jamais avouer qu'elle change : mais elle pourra beaucoup laisser tomber. Deux choses sont certaines : le catholicisme ne peut périr ; le catholicisme ne peut rester tel qu'il est. Il est vrai que nous ne concevons pas non plus comment il pourrait changer. Ces heures où toutes les issues semblent barrées, sont les grandes heures de la Providence : mais l'angoisse y est grande et le sort de ceux qui sont réservés pour cette heure est cruel. »

Chapitre sixième. Le modernisme
Histoire du mot « modernisme x. — Espèces et variétés
du Modernisme.
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Dans le même temps, M. Marcel Hébert était signalé comme hérétique à l'archevêque de Paris. (...)
Voyant qu'il n'y avait plus d'espoir d'entente, M. Hébert publia, au mois de juillet 1902, dans la Revue de Métaphysique et de Morale, une étude sur la « personnalité divine ». Il y critiquait âprement les preuves traditionnelles de l'existence de Dieu disant qu'elles aboutissent à constituer une «idole», «la dernière idole contre laquelle proteste notre esprit averti par tant de réflexions et d'expériences ». « Sans doute, concluait-il, l'heure est venue où déjà beaucoup adorent le Père en esprit et en vérité, mais pour combien la métaphore anthropomorphique demeure-t-elle une réalité aussi réelle que l'idéal même qu'elle symbolise ! C'est au nom de cette métaphore réalisée que l'on s'arroge le droit d'accaparer l'Absolu, d'en être non plus seulement le témoin, mais le représentant muni de pleins pouvoirs. Dès lors, au nom de Dieu, on dogmatise, on légifère, on entrave l'essor de l'esprit vers le progrès. Pourtant il ne s'agit point de rompre avec les formes religieuses objectives, traditionnelles ; l'Evangile, l'Eglise, sont des fontaines d'eau vive où les oiseaux du ciel pourront toujours étancher leur soif, les seules où beaucoup puissent le faire. Mais il s'agit de ne pas transformer ces formes en fétiches ; il s'agit, devant toute conscience qui réfléchit et veut se rendre compte de sa foi, d'appeler loyalement image l'image, légende la légende, de laisser chacun libre de symboliser, selon son tempérament, son sens religieux, et de n'attacher d'importance à tel rite, à telle formule, que dans la mesure où ces moyens nous aident efficacement à devenir meilleurs. »

Chapitre cinquième. L'anarchie dogmatique
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