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Citation de Charybde2


Les mots passent sans cesse entre ce qu’ils visent, ils passent au plein milieu de la parole, c’est à justement dire là où n’est jamais l’objet qu’on croyait vouloir dire. Les mots ratent la cible qu’ils atteignent. C’est pourquoi on ferait mieux d’écouter d’un peu plus près ce qui a lieu dans cet entre les mots, autant que les mots mêmes. Ce qu’on veut dire, on a failli le dire.
Toute traduction dans une autre langue de ce qu’on signifie dans celle-ci bute sur une part d’intraduisible. Inversement, toute parole dans cette langue-ci est une traduction sans reste de ce qu’on a presque dit.
Ce sont de bien traîtres mots qu’on comprend.
Mais soyons bien clair :
Que les mots et le monde soient séparés va de soi et le constat ne vaut rien. Les mots ne rejoignent pas le monde, inutile de poursuivre. Qu’on ne nous achoppe pas à ce problème à nouveau, cela ne mènera qu’à la case départ, sans cesse. J’ai l’air de vouloir dire un fruit. Non : rien à voir.
C’est une affaire de sentiment. Dire, à travers la jouissance, la privation, puis tirer, comme un chameau du chas, jubilation d’un amertume ; constater lassitude en tout appétit, en tout désir déréliction ; le fil montrer entre les lignes tout blanc, puis rebrousser chemin, déguiser tout à l’envers ; crever le trop-plein, déverser enfin un baril de couleurs sur le noir vainement – ; c’est une affaire de Danaïdes.
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