AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Charybde2


De manière transversale, deux éléments récurrents portent ces questionnements sur l’enracinement et le déracinement. Le premier est le mariage. De Pocahontas et Rolfe à Marina et Neil en passant par Abby et le fermier, ces unions forgent un enracinement. En s’engageant, les amants attestent devant une communauté leur envie de s’épanouir en son sein. Or, tous ces mariages sont forcés. Neil hésite à s’engager et quand il accepte enfin, quelque chose s’est déjà brisé dans son couple. Le mariage d’Abby est, quant à lui, un pur mensonge. Seul celui de Pocahontas, au départ accepté par pur besoin social, s’épanouit en un amour véritable, certes moins idéal que ses émois avec Smith. Ce qui forme le ciment du couple aux yeux de la loi et de la religion ne s’accorde pas avec une véritable plénitude amoureuse pour les personnages de Malick. À un moment ou à un autre, l’un d’eux finit par prendre le large.
Et c’est un second élément – encore plus récurrent – qui atteste du déracinement des personnages: le départ qui clôt l’histoire. À la Merveille s’achève donc sur une séparation, avec le départ définitif de Marina. C’est aussi le cas du Nouveau Monde, où Rolfe retourne sur les terres américaines avec son fils alors que sa femme est morte. Toujours sur mer, les soldats de La Ligne rouge quittent le front et rentrent au bercail. Dans Les Moissons du ciel, la petite Linda s’échappe d’un orphelinat avec une amie et part on ne sait où le long d’un chemin de fer. La fuite criminelle du couple de La Balade sauvage prend fin à bord d’un avion, alors que les amoureux sont cernés par des policiers. Holly, en voix off, nous apprend que Kit sera condamné à mort et qu’elle s’en tirera, de son côté, avec quelques mois de prison. En ce sens, ils ont été physiquement déracinés du sol, eux qui étaient restés jusque-là dans un rapport horizontal à l’espace. Dans The Tree of Life enfin, les ultimes souvenirs de Jack sont ceux où il déménage et quitte son quartier.
À eux seuls, ces deux éléments résument l’attachement de Malick à un espace chéri par les personnages. L’épanouissement se fait chez soi, proche des siens. Quitter sa terre, se faire renier par ses pairs, c’est déjà un peu mourir, ou du moins ne plus pouvoir grandir et s’élever. Souvent, Malick accompagne ces adieux déchirants d’une musique funèbre, comme pour pleurer l’échec d’une mixité sociale rêvée. Si l’Amérique est une terre de promesses dans ses six films, c’est précisément parce qu’elle comporte la promesse d’une plénitude, d’un enracinement et d’un épanouissement. Ce n’est pas toujours le même continent qui est douloureux à quitter selon les personnages, mais Malick démontre que chacun trouve une terre promise au pied de l’arbre qui l’a vu grandir.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}