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Citation de Charybde2


Rien n’est jamais refermé sur lui-même chez Terrence Malick. Sans extrapoler outre mesure, on se rend compte que cela tient à toute une culture dont il a hérité. Profondément américain, il façonne les mythes et les remet au goût du jour : la conquête du territoire, le questionnement de la violence, les valeurs religieuses, les traumatismes des tueries des Amérindiens et de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi toute une culture artistique, des luministes aux grands cinéastes classiques. La fin du monde se télescope avec l’image religieuse des Enfers, l’amour éphémère avec le jardin d’Éden.
Mais comme l’Amérique, qui puise ses racines dans la vieille Europe, le cinéma de Malick ne cesse de faire l’aller-retour entre ces deux continents : les philosophies allemandes et anglaises, le territoire français, ses souvenirs parisiens, la grande musique symphonique, de Wagner à Górecki. Et puis, devant le statut à part que lui confèrent les Américains (pas vraiment une figure du Nouvel Hollywood, cinéaste très marqué par le classicisme, manque de succès populaire), des critiques le disent européen, donnant à ce terme un sens cérébral.
Seulement, c’est toute une branche du cinéma états-unien qui utilise Malick comme figure de proue. Benh Zetlin (Les Bêtes du sud sauvage), David Gordon Green (L’Autre Rive, George Washington), John Hillcoat (La Route, Des hommes sans loi), Andrew Dominik (L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford) ou Jeff Nichols (Take Shelter, Mud) revendiquent plus ou moins directement cette filiation. Dans les bonus de The Tree of Life, David Fincher et Chistopher Nolan attestent également de leur admiration pour le réalisateur. Entre le pan hollywoodien et le cinéma new-yorkais, une troisième voie s’est fondée, au Texas, sous l’impulsion de Richard Linklater et du festival South By Southwest basé à Austin. Là-bas s’y développe le cinéma indépendant américain le plus vivace, le plus créatif. Là encore, tel un mystérieux parrain, Malick est dans toutes les têtes, mais il n’apparaît pas de manière officielle. Reste qu’il déambule souvent là-bas, qu’il tourne même avec Rooney Mara et Val Kilmer. La voilà sa réussite, être au centre des attentions tout en restant à l’écart. Quitte à rester caché à Cannes et à ne récupérer sa Palme d’or que le lendemain. Il est un moine réalisateur : grand penseur à la parole de sage, mais en dehors du siècle, au risque d’alimenter les fantasmes.
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