Verviers, ça pourrait être Pripiat. Pripiat, c'est la ville ukrainienne la plus proche de Tchernobyl. Elle fait, malgré elle, le bonheur des photographes du monde entier qui viennent la visiter. Et pour cause : abandonnée par ses habitants, du jour au lendemain, après la catastrophe nucléaire d'avril 1986, Pripiat offre des panoramas de cité fantôme uniques : traces d'un univers révolu à jamais, silence mortel, vision d'apocalypse.
A une dizaine de kilomètres de la frontière allemande, Verviers, foyer de l'islamisme belge et européen, a, par certains côtés, cette allure de ville effacée du monde qui l'a vu naître, enfoncée dans les crêtes molles des Ardennes, où tout ce qui constituait son identité wallonne a disparu, comme si le monde ancien, celui de l'industrialisation, celui des ouvriers, avait été aspiré dans le tourbillon de l'islamisation. Verviers, c'est l'apocalypse culturelle et historique. Verviers, c'est en effet Pripiat. Soixante-mille âmes y vivent encore.