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Citation de LesMonstres


L’air était saturé des senteurs du bois tout proche, de l’asphalte mouillé qu’on venait de laver, de l’odeur de ce matin de mai qui prenait des forces. Si Pelikan avait décidé qu’il devait passer, comme d’habitude, sa journée à l’université, s’il avait pris d’abord le tramway en direction de la place de Leningrad, puis le bus 14, au bout de trois au quatre stations il aurait vu sans surprise le soleil s’élever au-dessus des cheminées et tours de refroidissement des usines de la gigantesque zone industrielle au nord-est de la ville. En ces heures matinales, les contours du soleil semblaient toujours incertains et délavés sans le flot des émanations brûlantes qui jaillissaient vers le ciel.

Mais ici, dans le quartier du Komsomol, le proche voisinage de la grande chimie ne se faisait presque pas sentir. Sauf les jours où le vent d’est se faisait plus insistant : alors l’âpre odeur de l’anhydride sulfureux se mêlait aux aromates des lilas et des acacias en fleurs. C’est lui qui décolorait imperceptiblement les roses grenat plantées au pied des immeubles de quatre étages par des habitants diligents, c’est lui qui faisait larmoyer les enfants dans les bacs à sable et s’étouffer les petits vieux somnolents derrière leurs journaux, secoués par une toux encore plus déchirante que d’habitude.

Pelikan aurait dû aller à l’université, au moins parce que d’après le calendrier affiché depuis une semaine au tableau du décanat, c’était justement aujourd’hui que son groupe passait un test de maths-physique.

Bien sûr, là n’était pas le problème. Il aurait, vite et sans difficulté, obtenu la mention qu’il fallait de la part du professeur Lipatov, cette crème d’homme. D’ailleurs, il l’obtiendrait. Demain, après demain, la semaine prochaine. N’importe quand ! Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui Lipatov est le cadet de ses soucis, parce qu’aujourd’hui c’est l’anniversaire d’Ira ! Et Pelikan n’a toujours pas de cadeau pour elle. Ni d’argent pour le cadeau !
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