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Critiques de Alexiou Stylianos (1)
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La civilisation minoenne

La Crête…



Une ligne à l’horizon évanescente entre mirage et éclat d’une vie foisonnante.



L’ile de Nikos Kalantzaki et de son œuvre « Alexis Zorba »…



« Lorsque je m’éveillai au point du jour, la grande ile seigneuriale s’étendit à notre droite, fière et sauvage. Les montagnes rose pâle souriaient derrière les brumes sous le soleil d’automne. Autour de nous la mer bleu indigo bouillonnait, encore inquiéte. (…) Ce paysage crétois ressemblait, ma parut-il à la bonne prose : bien travaillé, sobre, exempt de richesses superflues, puissant et retenu. Il exprimait l’essentiel avec les plus simples moyens. Il ne badinait pas, refusait le moindre artifice. Il disait ce qu’il avait à dire avec une virile sensibilité. Mais entre les lignes sévères on distingua une sensibilité et une tendresse imprévue ; dans les creux abrités, les citronniers et els orangers embaumaient, et plus loin, de la mer infinie, émanait une inépuisable poésie. »



Au-delà de la carte postale « made in cyclades », difficile spontanément d’imaginer que cette terre où règne le minéral brulé, à peine adouci par des oliviers cramponnés, parsemés des massifs de lauriers, ait pu être une symphonie pastorale.



Cette ile couverte de forêts, riche d’un terreau généreux n’était pas encore abîmée par l‘homme ; le poids séculaire des règles de la religion orthodoxe ne régnait pas.

Le raffinement des décors des palais, ces processions de belles prêtresses, la poitrine offerte à la caresse du soleil, les céramiques délicatement ouvragées, Stylianos Alexiou nous invite à le découvrir dans son bel ouvrage « La civilisation minoenne ».



L’ile de l’homme oiseau, foudroyé dans son ivresse de lumière, frappé d’un excés d’orgueil pour avoir voulu échapper à sa condition humaine



L’ile du labyrinthe du désir monstrueux, celui de Parsiphaë la femme du légendaire roi Minos, amoureuse du taureau blanc de Poséidon destiné au sacrifice et dont le fruit, le Minotaure, l’homme taureau dévore ses proies. Malédictions de l’abandon au désir érigé en bestialité et de l’offense aux dieux.



Condition humaine et animale mêlées dans un sacré si familier : le panthéon égyptien Horus, Annubis, Hathor, Thôt, fusions fantastiques que l’on peut retrouver étonnement au plus profond de la spiritualité de l’homme dans la grotte Chauvet ; représentation de féminité intime à l’érotisme prééminent, associée en partie supérieure à une tête de bison, l’ombre du minotaure qui danse sous l’éclairage hésitant de lampes à graisse.



Le labyrinthe du désir qui trouve son salut sut le chemin tissé par l’Amour, fut-il tragique..



L’Ile de Zeus, caché dans la grotte par les nymphes pour échapper aux pratiques infanticides de son père Chronos.



Zeus qui se métamorphose en taureau, pour séduire et enlever la princesse Europe sur l’ile. La Crête qui fut précisément, et ce pendant près de mille ans, le lieu de la première civilisation européenne avec ses palais, sons activité maritime, son écriture. Cette civilisation n’est pas sans correspondance avec celle qui rayonna sur les bords du Nil à une période contemporaine. Ainsi le taureau érigé en totem a ses échos avec Apis et les cornes ritualisées que l’on retrouve également avec Hathor. Ces fresques raffinées, des thématiques très naturalistes qui rappellent aussi beaucoup les décors intérieurs du Nouvel Empire



En dépit de la fragilité des témoignages archéologiques, que les sites n’offrent qu’avec parcimonie voire avec réticence, et qu’il fallait que l’aura mystérieuse de ce passé demeurât à jamais voilé de mystères insondables, la profonde singularité crétoise ne peut que charmer l’observateur en tant soit peu curieux.



Comme rappelé précédemment la mythologie grecque classique a jeté des ponts vers cette ile magique mais que de différences à commencer, autant que les découvertes archéologiques l’autorisent, par les pratiques spirituelles autour de la déesse mère, l’adoration des arbres… fort éloignées du panthéon baroque grec, assourdissant, tourmenté, belliqueux. Des lieux de culte naturels, sur les sommets des montagnes, dans les grottes, des salles, des autels dans les palais mais pas de grands édifices monumentaux.



Une architecture également sans les pesanteurs du classicisme, sans un ordre très contraignant qui semble vouloir enfermer, pétrifier la Beauté dans des canons qui influenceront les normes de l’art bien au-delà de ma mer Egée et de l’antiquité…



Des palais (Cnossos, Phaistos, Malia, Zakros) avec des architectures très ouvertes, des galeries sur plusieurs niveaux, des puits de lumière, des péristyles, des ensembles tous sauf rectilignes, nivelés uniformément, pas de traces de fortifications…Une céramique également pleine de mouvement, de vie, le style de Camarès, prolifération de spirales, d’arabesques légères, clair sur foncé, puis le style naturaliste, marin, floral, et le style du palais, plus abstrait.



Même si les pièces du puzzle sont et resteront sans doute à jamais très incomplètes, eu égard aux violentes destructions subies, il se dégage de ces témoignages une incontestable légèreté, une joie de vivre saisissantes. La disparition de la civilisation minoenne, la vraie tragédie grecque.



« Mais moi aussi sur cette cote crétoise, je vivais le bonheur et savais que j’étais heureux » (Alexis Zorba-Nikos Kazantzaki)



Un livre par conséquent très précieux, par son contenu bien sur mais aussi par sa rareté, car la civilisation minoenne, contrairement à la Grèce classique n’a pas fait l’objet de beaucoup de publications spécifiques, au moins en langue française. Le très complet Paul Faure « La Crète au temps de Minos 1500 Av - J.-C » et le très riche « La Crête et la Grêce primitive » dans la collection « Connaissance de l’art), en dépit de son titre pas très heureux, permettront d’approfondir et de prolonger le charme



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