On se figure à tort l'attente comme un état purement passif.
Pendant qu'on attend, on change plusieurs fois d'humeur, on agit, on réagit, on participe à toutes sortes d'événements, c'est comme un vide que la nature s'ingénie à combler en y suscitant les fantaisies les plus imprévues; tantôt l'intérêt fléchit, tantôt il s'enflamme pour quelque pensée qui le sollicite à l'improviste, qui l'occupe un instant puis s'évanouit; le sens de la durée s'abolit ou varie; il a dans toute attente un peu longue des saisons, des sautes de température, des orages, de beaux jours qui s'enfuient, des crépuscules qui s'éternisent, des veillées pleines de langueur ou d'entrain.