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Citation de VincentGloeckler


Nous deux assis sur les chaises de paille. Le dîner sur la table. Père et mère en face, comme un tribunal s’apprêtant à juger sommairement le vol dont on nous accuse sans autre preuve que notre mine effrayée. Nos pieds ne touchent pas le sol. Ils restent suspendus, comme la paille des nids qui tournoie avant de toucher terre. Une pièce avait disparu de la cachette où mère rangeait l’argent pour les courses. Un douro. Cinq pesetas de l’époque, ça faisait une petite fortune dans le coffre-fort d’une boîte à chaussures. C’est pas nous. D’une seule voix, comme si nous avions tramé une défense commune contre une accusation aussi arbitraire qu’injuste. Que dire quand tu as face à toi la raison des adultes, l’opprobre dans leur regard fébrile, la certitude que la pièce ne pouvait pas s’être retrouvée ailleurs que dans nos poches. Nous ne savions pas à l’époque – par la suite si, et j’en ferais le récit des années plus tard dans un roman sur notre histoire familiale –, qu’un tribunal militaire avait jugé père à la fin de la guerre et l’avait condamné à douze ans de prison. À présent il faisait lui-même partie, peut-être sans s’en rendre compte, d’un tribunal tout aussi injuste.
(pp.35-36)
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