Alfons Mucha

« La nature visible, vue à travers nos yeux, nous entoure de formes riches et harmonieuses.

Le merveilleux poème du corps humain, ceux des animaux, et la musique des lignes et des couleurs émanant des fleurs, des feuilles et des fruits sont les maîtres les plus évidents de nos yeux et de notre goût. »



Le « Style Mucha » se reconnaît aisément, lui qui magnifie la beauté des femmes dans des poses élégantes et une composition harmonieuse, mêlant fleurs et motifs décoratifs inspirés de la nature.



Dès 1896, Alfons Mucha se fait connaître et devient immédiatement célèbre après avoir réalisé une affiche, « Gismonda », pour Sarah Bernhardt (grande artiste parisienne de théâtre, puis de cinéma, surnommée « La Divine ».)

L’œuvre graphique de sa période parisienne est devenue synonyme du style Art nouveau.



L’art de Mucha a connu un énorme succès et a été considéré comme « Art commercial ».

Il signera un contrat d’exclusivité avec un imprimeur et éditeur parisien,

F. Champenois. Ses affiches qui présentent un nouveau genre artistique, envahissent alors les rues de Paris, et vont faire sa renommée mondiale : affiches pour Nestlé, les biscuits LU, le champagne Moët & Chandon, etc.

Alfons Mucha a aussi travaillé pour de grands fabricants français, dans le domaine de la parfumerie et de l’orfèvrerie…

Mucha va même concevoir une publication pour les artisans, les décorateurs et les étudiants en art, dans laquelle il va présenter tous les aspects de son travail graphique. Sur 72 planches, il propose des échantillons de motifs prêts à l’emploi pour les fabricants, des motifs applicables à des produits manufacturés.



Mais les archives de Mucha ont révélé des facettes jusqu’ici inconnues de l’artiste, à la fois en tant que penseur et en tant qu’auteur d’une théorie esthétique.

« Le but de l’art est de célébrer la beauté. »

« L’expression de la beauté passe par l’émotion. »

« Il est bon d’explorer la tradition dans l’art… mais la tradition doit être l’art de nos ancêtres, il faut la garder en vie en l’aidant à évoluer de façon organique. »

Mucha a manifesté un grand intérêt pour l’art populaire de la Bretagne.

Y passant beaucoup de temps, particulièrement en 1902 et 1903, il s’est imprégné de ses paysages, de ses gens et de sa culture.

L’intérêt croissant qu’il portait à l’ancienne culture tchèque et à son lien avec l’héritage celtique, semble l’avoir incité à explorer l’art traditionnel breton. Mucha a été particulièrement attiré par les motifs décoratifs des costumes, et il a fait de nombreuses études détaillées de motifs de broderies.

Ces découvertes de l’ancienne culture bretonne, Mucha les réutilisera plus tard pour leur donner une nouvelle vie dans le contexte du nationalisme tchèque.



« La mission de l’art est d’exprimer les valeurs esthétiques de chaque nation en accord avec la beauté de son âme. La mission de l’artiste est d’encourager les gens à aimer cette beauté. »

L’intérêt qu’il porte à l’art populaire breton se reflète aussi bien dans ses affiches que dans sa quête d’expression d’une identité nationale.

« Je préfère être un artiste pour le peuple qu’un défenseur de l’art pour

l’art. »

Au sommet de sa renommée, en 1910, après une absence presque continue de vingt-cinq ans, Mucha retourne dans sa patrie pour mettre son art au service de la liberté politique de son pays.

Il va alors travailler de façon déterminée sur un projet personnel qui le tient à cœur : « L’épopée slave ». Il s’agit de vingt tableaux peints sur d’énormes toiles, qui retracent l’histoire des peuples slaves en relatant leurs souffrances et leurs grandes réalisations au cours des mille dernières années.

Alfons Mucha souhaitait inciter tous les Slaves à collaborer dans la poursuite de l’indépendance politique, et à maintenir la paix entre eux et avec le reste de l’humanité. Il rêve d’une nouvelle Europe avec des Etats slaves indépendants. En 1918, son pays renaît sous le nom de Tchécoslovaquie.



Il était normal que le Musée Départemental de Quimper ait été choisi pour présenter au public les nombreux travaux d’Alfons Mucha. Ce même musée avait d’ailleurs déjà exposé en 2018, des oeuvres de peintres tchèques, qui s’étaient installés durablement en Bretagne dès 1860. (A cette occasion, j’avais écrit un billet à propos de cette expo et du catalogue, qui avaient pour titre « Artistes tchèques en Bretagne ».)



Mucha croyait en la valeur universelle de l’art et en sa capacité à inspirer et à contribuer à l’amélioration de la société. Il a légué un patrimoine culturel unique. Cette expo et ce livre le démontrent bien.



« L’art ne peut jamais être nouveau. La notion d’art « moderne » en tant que mode passagère est une insulte. L’art est aussi éternel que le progrès de l’homme, et sa fonction est de guider le chemin de l’homme par la lumière. Par conséquent, l’art est en perpétuel développement et a toujours quelques longueurs d’avance sur l’humanité. »



Cette expo quimpéroise se termine le 19 septembre prochain. Je ne peux que vous conseiller d’aller la voir au plus vite ! Dans quelques semaines, toutes ces oeuvres de Mucha seront exposées aux Etats-Unis.

Une belle découverte sur ma recherche sur l'oeuvre de Alfons Mucha. Un magnifique carnet d'illustration fabuleuses qui illustre la prière Pater Noster, avec la prière en latin calligraphier art nouveau et avec des commentaires de l'auteur offrant son aspect spirituelle et mystique de l'œuvre. Cette merveille est disponible sur le site BNF Gallica.

Ouvrage qui permet de bien comprendre l'artiste et ses ambitions : intégrer la nature pour sa beauté et le rôle de l'artiste tel qui le voyait c'est à dire tourné vers le plus grand nombre.

Le livre couvre une partie biographique, suivi de sa vision de l'art. Avant de donner accès à de nombreuses représentations, nous permettant de voir la richesse des contributions et de leurs utilisations.

Pour finir par les liens de l'artiste avec la Bretagne, exposition à l'origine de cet ouvrage.

Un condensé très riche pour tous les amoureux de cet artiste et surtout, fait pour tout curieux.