ÉLÉGIE NOCTURNE
Peut-être mon seul souvenir : ta joie
dans la maison là-bas où le soir
apporte l'odeur de la terre et
la calme lumière nocturne, c'est ta vraie voix
celle où jeune tu parles sur le visage
riant des enfants. Sont passées
dans ton regard des nuits limpides
au bruissement dru des étoiles, les façades
voilent des maisons blanches, une fontaine
vibre d'une eau seule à s'écouter
et la ville se déploie au seuil
lointain de la mer. C'est l'âme qui vole.
Sans le savoir, tu nous vouais au chant
de l'homme sans retour, qui toujours disparaît dans le vide
d'une place,
la mort à nous en étonner parut sortilège, à de rares
voix bruissantes le sommeil fut adieu.