PAUVRETÉ COMME LE SOIR
Revient pauvre en amour l’herbe
dans le souvenir et le soir elle
n’apporte que cette odeur du
printemps mort,
ces prés frais au voile de la
course, qui dans les yeux des
enfants est presque le ciel, ce
rêve qu’en secret
tu libères, sans le toucher,
comme l’air de tes collines.
Tu restes pure si joyeuse de tristesse
et d’air, ayant voulu
la pauvreté comme le soir pour te
dénuder jusqu’au visage,
jusqu’aux yeux où désespère
cette lumière, je t’écoute
vide aux confins du ciel,
ample et rose dans la clameur
comme une nuée qui revient à son gel,
errante, et se repose.
Tu restes pauvre en oubli
le long du pré qui à son mur
de bleu blanchit ; adieu,
à te quitter même l’avenir,
voix sans mémoire, devient nuit.