[…] les régions de Dacie et de Moésie conquises par Trajan, passèrent sous la protection de l’influence chrétienne des Empereurs Byzantins jusqu’à la prise de la métropole par les Turcs qui l’a nommèrent Istanbul (1453).
À leur tour les Sultans victorieux étendaient leurs conquêtes en Europe jusqu’en Bessarabie à l’Est et Vienne au Nord, puis sombraient en 1912 sous la coalition des Grecs, Serbes et Bulgares. Les Empires Centraux (Autriche–Hongrie–Allemagne) furent démembrés par les traités de Versailles (1919) alors que leurs visées impérialistes ambitionnaient de subjuguer la Serbie et la Roumanie.
Celle-ci cessera pour un temps d’être placée entre deux grandes Puissances antagonistes (Russes et Germains), puis sera successivement coiffée par Hitler et la Russie bolchevique dont elle deviendra, bien que d’origine et de formation latines, une nation satellite, conséquence de la fourberie de Staline, parjure des conventions verbales intervenues à Yalta entre les trois Grands–reconnaissant aux peuples le droit de choisir la forme de gouvernement sous laquelle ils désiraient vivre.
(p. 11)
On a beaucoup écrit sur la Roumanie, sur ses origines et son histoire, sur son passé et son avenir. De nombreux livres, d’innombrables articles de presse, de publications, de revues lui ont été consacrés dans tous les domaines historique, politique, économique, social, militaire, mais aucune analyse sérieuse n’avait été jusqu’ici entreprise pour étudier sous la dure et crue lumière des projecteurs du grand drame qu’a vécu la Roumanie en 1944–45 et dont elle supporte aujourd’hui les conséquences. Nul auteur n’avait osé en aborder le sujet, en exposer la genèse. Le lieutenant-colonel Mortureux de Faudoas, lui, l’a osé. Et cela fait l’exceptionnel intérêt de son livre.
(p. 8, Préface du Général Chambe)
« La Roumanie est un morceau de la France, jeté dans le sud-est de l’Europe ». Cette phrase imagée d’Edgar Quinet date de cent-trente ans. Elle exprimait alors ce qui depuis toujours était une vérité. La Roumanie tenue sur les fonds baptismaux par Napoléon III, son parrain, venait de naître, en 1861, de l’union de deux principautés de Valachie et de Moldavie, sous l’autorité du hospodar prince Couza. L’empereur de Français avait proposé que le nouvel état, affranchi de l’obédience de l’Empire Turc et de la tutelle intéressée de l’Empire des Tzars, adoptât le régime monarchique et que son destin fût confié à un prince de Hohenzollern.
L’Europe n’ayant élevé aucune objection, il en avait été ainsi. Charles de Hohenzollern, natif de Sigmaringen, était monté, sous le nom de Carol Ier, sur le trône de Roumanie, laquelle ne deviendrait que vingt ans plus tard effectivement et constitutionnellement le royaume de Roumanie. L’épouse de Carol Ier, originaire de Prusse-Rhénanie, la reine Elizabeth, a laissé un souvenir vivace, du moins dans le monde des lettres, sous le pseudonyme de Carmen Silva.
(p.7)
[…] je me suis efforcé d['illustrer] de détails avec l'intention de situer la Roumanie dans le contexte général de la question d'Orient et de la politique d'ensemble de l'Europe, également avec le souci de faire ressortir le rôle très important de la France impliquant les liens séculaires affectifs pour sa sœur latine, que pour ma part j'ai appris à connaître et à aimer au cours d'une mission officielle de cinq années à Bucarest (1934–1939).
(p. 11)