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Citation de martineden74


Des écrivains, des historiens, des socialistes ne manquent pas qui affirment que Staline continue Lénine, qu’en tout cas il y a entre eux filiation directe ; le stalinisme serait « un développement logique et presque inévitable du léninisme ». C’est, disent-ils, toujours le même régime du parti unique, de la dictature, de l’absence de libertés démocratiques, et si l’appareil de répression s’appelle aujourd’hui MVD, il avait nom Tchéka sous Lénine.
Partant d’une boutade, de faits isolés, d’informations de seconde ou troisième main, ils ne voient la réalité qu’à travers les verres déformants dont ils ne peuvent se défaire quand il s’agit de la Révolution d’Octobre, heureux de montrer ainsi que le stalinisme est de même nature que le bolchevisme ; l’odieux régime stalinien devient pour eux une sorte de justification retardée de leur politique. (…)
La conception du rôle de l’État est d’une importance capitale ; Lénine écrivit un livre pour le montrer : socialisme et État se développent parallèlement mais en sens contraire ; la montée de l’un coïncide avec le déclin de l’autre ; et la mort de l’État marque l’avènement du socialisme. Staline, ici, a renié son « maître » si totalement et si ouvertement qu’il a bien fallu le reconnaître ; son État est un monstre d’omnipotence, et c’est par lui que le socialisme serait réalisé.
Le procès des socialistes-révolutionnaires a lieu en 1921 quand la guerre civile est à peine achevée. Les inculpés sont des adversaires déclarés du régime ; ils sont en guerre ouverte contre lui depuis la dissolution de la Constituante, préparent des attentats. Ils sont jugés publiquement ; ils ont comme défenseurs des chefs socialistes de Belgique, de France et d’Allemagne ; ils revendiquent fièrement leurs actes ; c’est un procès comme on a coutume d’en voir dans toutes les révolutions, mais rien de comparable à ces « procès de Moscou » de 1936-37, lorsque Staline amène de vieux révolutionnaires à s’accuser, eux, de crimes qu’ils n’ont pas commis : scènes écœurantes, humiliantes pour la raison, qui n’ont eu d’analogue dans aucune révolution.
Lénine a tenu à présenter lui-même la traduction russe du livre de John Reed, Dix Jours qui ébranlèrent le monde. Après l’avoir lu avec « le plus grand intérêt » et une « attention soutenue », il en recommande sans réserve la lecture aux travailleurs de tous les pays ; il voudrait qu’il fût publié en millions d’exemplaires et traduit dans toutes les langues. C’est un exposé fidèle et vivant des événements significatifs pour la compréhension de ce que sont réellement la Révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat. Staline n’est pas de cet avis ; le livre de John Reed a été mis par lui à l’index et c’est un crime de le lire. Un internationalisme sans cesse affirmé fait place à un nationalisme borné, à un chauvinisme abject, occasionnellement à une résurrection du panslavisme.
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