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Citation de enkidu_


Selon Heidegger, l’homme a une seconde existence qui lui est propre et réelle et qui est l’expression de son essence cachée sous ses « particularités » accidentelles et ses états passagers issus de situations sociales et relations extérieures. Le fait que l’homme soit un être ayant une authenticité et une raison d'être indépendante des causes matérielles et leurs conséquences, du déterminisme social et des caractéristiques accidentelles de l’environnement, prend sa source dans cette existence propre, réelle et spécifique à l’homme et s’y limite.

Dans les situations ordinaires, lorsque l’homme vit sa vie quotidienne et réagit seulement aux phénomènes de son environnement et aux événements constituants en fonction des nécessités qui lui sont liées tant régionales, culturelles et sociales que de classes et de travail, il néglige ce « moi » qui est en lui et qui est l’âme humaine élevée. Seules la passion, la mort et la défaite, trois gifles cinglantes, peuvent l’arracher à cet abîme et le réveiller.

Le regard de l'homme, qui a toujours eu le souci d'autrui et de ce qu’il y a autour de lui, se tourne alors vers son intérieur. Lui permettant d'ouvrir les yeux sur lui-même et de se contempler. Par ce changement, il prend conscience de son « moi » réel à travers ses sentiments, ses perceptions et ses expériences les plus profondes, les plus élevées et les plus sincères. C'est ainsi qu'il réalise une sorte de prise de conscience directe, sans intermédiaire, que nos penseurs ont nommé « al 'ilm al hudûrî » ou « ladunî », où s'unissent la science, le savant et l’objet de la connaissance.

Cette expérience a un rôle fondamental dans la conscientisation de l'individu, le changement de soi et le bouleversement réel de son existence. Ainsi, quel que soit le moule social et le cadre de la classe dans lesquels il est né, ou plutôt quelles que soient ses caractéristiques héritées grâce auxquelles il s’est éduqué, l’homme est capable de trouver en lui la folie miraculeuse lui permettant d'arriver à son propre salut et de se transformer, choisissant le chemin d’un autre mouvement idéologique et un autre sort de classe : un intellectuel peut être issu de la bourgeoisie ou être aristocrate fils d’aristocrate cependant, par une sincérité existentielle et un altruisme révolutionnaire, il se mettra au service du paysan ou de l’ouvrier, tous deux pourtant ennemis traditionnels de classe. Il peut être nourri de culture aristocratique et mû par des principes liés à la race supérieure ou à la classe dirigeante élue, mais malgré cela, il aura une vision populaire et ressentira véritablement, au plus profond de son être, les souffrances de la classe populaire déshéritée, ses blessures, son ressentiment et ses aspirations. Il la rejoindra effectivement pour finir par s’y unir et s’y fondre. Cette étape représente plus qu'une simple relation reposant sur la base d’une responsabilité sociale ou d’un engagement intellectuel ou une attitude factice d'homme de gauche. (pp. 42-43)
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