AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


La solitude est le grand drame du siècle. Dans leurs livres respectifs sur le Suicide, Durkheim et Halbwachs abordent la question du suicide en Europe d’un point de vue sociologique.

Le suicide est, en Orient, un cas exceptionnel. En Occident, il ne s’agit pas seulement d’un cas particulier mais bien d’un phénomène social. Ce n’est pas quelque chose qui arrive mais bien un fait. Ainsi, le taux de suicide augmente chaque jour un peu plus en fonction du niveau de développement : il est ainsi plus faible en Espagne, pays moins développé par rapport aux autres pays européens – et il grimpe dramatiquement dans les pays du nord pour atteindre ses proportions les plus élevées en Amérique du Nord. On peut constater la même distribution au sein d’un même pays, entre la ville et la campagne et au sein de la ville, entre les quartiers riches et les quartiers pauvres, et même au sein d’un même groupe social, entre les croyants et les athées, parce que les gens sont seuls et qu’ils souffrent de la vacuité, ainsi que le dit le poète Ahmed Chamlo :

« Les montagnes, ensemble, forment une chaîne, … mais chacune d’elles vit seule ».

La religion établit des liens entre les personnes et génère un esprit commun entre les fidèles. Elle relie aussi chaque personne à son Dieu. Par le passé, la personne était ainsi reliée par des centaines de relations avec les proches, les gens de sa famille, ses connaissances et son peuple. L’indépendance économique s’est produite et les gens ont senti qu’ils n’avaient plus besoin les uns des autres. C’est la société elle-même qui a remplacé la famille, le voisin, les parents, les enfants, les amis et les proches dans la défense de l’individu. C’est elle qui lui assuré tous ses besoins matériels et moraux. La maturité réflexive et logique s’attaque aussi à tous ces liens spirituels et religieux traditionnels. La pensée logique et calculatrice, l’esprit matérialiste et la tendance au bien-être détruisent ces relations spirituelles. L’individu acquiert son indépendance, il devient égoïste et se passe bien des autres. C’est à ce moment-là qu’il bascule dans la solitude. Les autres sont devenus aussi comme lui. Lorsqu’ils se passent de lui, ils se coupent de lui. Les gens ne viennent plus le voir que par intérêt. La personne s’isole alors dans son île déserte et se trouve en proie aux tentations de suicide, le compagnon éternel de la solitude.
Commenter  J’apprécie          20









{* *}