Alice Ferney

Le songe est une autre manière de vie et la part de rêve que peut accepter l'esprit est grande. Angelo n'avait pas plus l'expérience du rêve que celle de l'amour : il fut balayé par le songe amoureux. La pensée d'Esther ne le quittait pas. Il habitait en rêve une terre qui n'existait pas, du moins qui n'était pas pour lui (...) Et il vivait lové dans cet amour en forme de néant qui avait pris en lui comme une graine, ivre des promesses qu'elle portait sur elle sans le savoir, avec la grâce des innocentes.
(...)
Elle souriait. On se regarde si peu et si mal les uns les autres, pensait-elle, il n'y avait que la convoitise pour aiguiser les yeux.
(...)
C'est de la douleur d'aimer, ça c'est bien sûr, mais c'est tout pire de ne pas aimer. Elle dit : On est fait pour ça. Et les femmes encore plus que les garçons. Une femme, dit-elle, c'est pour se donner en entier. Ne te garde pas, ce qu'on garde pour soi meurt, ce qu'on donne prend racine et se développe.