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Citation de loel


loel
15 décembre 2017
Les questions sur la féminité, pour la psychanalyse, renvoient souvent au texte de Joan Riviere : La Féminité en tant que mascarade. Rédigée en 1929, cette étude présente le cas d’une patiente qui paraît aller à l’encontre des clichés habituels, ceux qui voudraient que les femmes par le moyen de leurs effets, parures ou cosmétiques (par cette « mascarade »), aient avant tout le souci de dissimuler un manque. Joan Riviere écrit : « J’essaierai de montrer que les femmes qui aspirent à une certaine masculinité peuvent revêtir le masque de la féminité pour éloigner l’angoisse et éviter la vengeance qu’elles redoutent de la part de l’homme55. » Le terme de « parure », ici dans le sens de « se parer » du danger d’une vengeance masculine, se trouve pris à la lettre. Mais qu’il soit entendu dans un sens littéral ou dans le sens d’un ornement destiné à embellir pour attirer les attentions, dans les deux cas une mascarade s’opère par le moyen de cette parure, une dissimulation. Qu’il s’agisse de cacher ce qu’on n’a pas ou de camoufler ce qu’on a (ce « penchant vers une certaine masculinité »), la parure joue son rôle. Paraître pour cacher ce qui ne doit pas se voir renvoie à la fonction du masque : la parure provoque les mêmes effets que le masque. Et, pour procéder à ces dissimulations, les tissus, les étoffes sont les bienvenus. Car ce « masque de la féminité » se rapporte au corps en priorité. Les fards, les cosmétiques peuvent être également comparés à des masques, mais pour désigner une femme, c’est le vêtement, l’habillement, qui s’impose –la parure. Elle concerne le corps.
Gaëtan de Clérambault nous permet aussi de partir de ces cas extrêmes de « passion des étoffes » pour interroger plus généralement le penchant des natures féminines pour les tissus, les vêtements. La parure en effet, qu’elle soit vestimentaire ou qu’elle se présente sous forme de bijoux concerne surtout les femmes. Maupassant, dans sa nouvelle du même nom, dépeint non sans cynisme les mésaventures d’une jeune femme pour qui cet ornement a pris trop d’importance, car les penchants féminins pour les parures sont aussi facilement moqués, on parle de fanfreluches. Ces penchants attribués aux natures féminines sont aussi associés au besoin de séduire et la séduction provoque la méfiance. Le verbe séduire signifie par ailleurs « tomber dans l’erreur ; détourner du chemin de la vérité ». Il vient du latin seducere, de se-, indiquant séparation, et ducere, mener. Ainsi la séduction peut-être considérée comme une imposture, et bien souvent les femmes qui savent jouer de ces effets inspirent la suspicion ou la prudence.
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