Le bruit de la porte qui se ferme doucement résonne en moi plus fort que les explosions de Bir-Hakeim. Je réalise que je viens de perdre ce combat. La distance qu’elle impose entre nous, en parlant d’elle comme d’une autre personne, me glace presque autant qu’un vol de nuit en plein hiver. Je reste debout, au milieu de ma chambre, à accuser un choc que je ressens tant physiquement que moralement.
Quelle piètre combattante je fais. Une seule sortie et déjà blessée. Suis-je vraiment utile à mon Pays ? N'ai-je pas fait un caprice d'enfant gâtée ? Si je n'étais pas à la hauteur de mes ambitions ? Si ces dernières n'étaient que des prétentions hors de ma portée ?
Tu es le seul homme à avoir touché plus que ma main depuis que le Grand Pontif m’a réclamée comme Vestale. Ça a pour moi quelque chose d’effrayant, comme si je ne maîtrisais plus mon corps. Jusqu’à ce matin, cela pouvait encore me conduire à la mort.
-Et qui pries-tu ? Venus ou Vesta ?
-Les deux. Je pense qu’aucune Déesse incarnant l’amour n’est exclusive de la piété de ceux qui L’honorent. Tu me semble dubitative ?
Et j’ai passé toute ma vie à occulter cette part de moi, comme l’exigeait mon service de Vesta. Je ne suis arrivée qu’hier, et déjà, tout ce que j’ai vu, entendu, se mélange dans ma tête. Quant aux sensations de mon corps, elles ont un tel pouvoir sur moi… C’est effrayant.
Tous les garçons et les filles de mon âge
Se promènent dans la rue deux par deux
Tous les garçons et les filles de mon âge
Savent bien ce que c'est d'être ...?...