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Citation de AmIvankovDiaz


Canicule, Rome 1624
Huit jours plus tard, le comte, mon maître, me commanda d'aller avec deux carrosses de voyage à lui, à six chevaux, chercher les señores cardinaux Sandoval, Spinola et Albornoz, qui arrivaient d'Espagne et avaient débarqué au port de Palo, à vingt milles de Rome. De même il m'ordonna de les convier de sa part à descendre en sa maison, où il leur tenait prêt un grand logement.

À Palo, où leurs Éminences étaient installées au château, je fis mon ambassade. Ils en firent grand cas, mais ils répondirent qu'ils ne comptaient pas entrer à Rome par ces dangereuses chaleurs, mais s'établir quelque part alentour. Cette résolution prise, je les suppliai d'y bien regarder et de placer le service du roi avant tout, tellement qu'ils se hasardèrent à risquer leur santé. Deux heures avant la nuit, il firent mettre en ordre leurs carrosses de voyage, car ils en avaient dix-sept.

Les trois señores cardinaux prirent place dans le carrosse du comte, mon maître, et leurs camériers et moi dans l'autre. Et de piquer des deux pour que le soleil ne les frappât point. Bref, je fis si dextrement que j'entrai à Rome au petit matin avec les seuls deux carrosses du comte mon maître, sans qu'aucun des dix-sept autres m'eût pu suivre. C'est de la sorte que je les amenai au logis de très bonne heure, le jour de Saint-Pierre qu'on présente la haquenée au pape. Ils furent logés dans la maison du comte, mon maître, chacun dans son appartement, avec le luxe et le bien-être qu'on peut croire, ainsi que leur camériers et autres valets.

Ils demeurèrent là jusqu'à tant qu'ils eussent trouvé des maisons, ce qui dut prendre un mois, et ils y furent visités par tout le Collège des cardinaux et régalés par le comte, mon maître. Moi, je m'en retournai à mon hôtellerie où je demeure présentement et demeurerai jusqu'à ce que Son Excellence me commande autre chose, car je ne désire rien tant que de la servir.

Je dois dire encore quelque chose que je tiens pour un miracle. Ces señores entrèrent à Rome le jour de Saint- Pierre, qui est l'un de ceux ou le péril de la chaleur est le plus fort : pourtant, de toute la maison qu'ils amenaient avec eux et qui montait à plus de trois cents personnes, il ne mourut personne ; bien mieux, Leurs Éminences n'eurent point mal à la tête : d'où je tire que ce qu'on raconte des dangers de la canicule n'est que hâbleries. Il est vrai qu'à Palo je leur recommandai à tous de se bien garder du soleil et, en arrivant à Rome, de s'enfermer, moyennant quoi ils n'auraient rien à redouter des changements de temps.
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