C'était une véritable poétesse. Elle était telle que nous imaginons un poète. Corps qui veut se cacher, âme dilatée, incapacité à gérer une discussion normale. De ses doigts tremblants, elle glissait la carte postale sous la vitre. Le tremblement traversait son corps, comme si elle n'était pas une élève de lycée mais une feuille prisonnière d'une toile d'araignée. Je n'avais pas l'habitude de parler ou de penser ainsi. La poésie, d'après moi, était comme la vie - belle mais incompréhensible. Cette année-là pourtant, je me suis retrouvée prise dans ses filets.