Avec le bébé, ma voix n'est pas la même. Il dispose d'une tonalité rien qu'à lui, une radio pirate qui l'inonde de chansons sucrées. Longtemps relégués dans un coin du cerveau, marionnettes, escargot et pirouette cacahuète font un retour triomphal. Il paraît qu'à notre insu, nous gardons en mémoire une centaine de comptines, un patrimoine où tremper les enfants, des meuniers endormis aussi improbables que des souris vertes. Moi qui ai besoin d'alcool pour chanter en public, voilà que j'oublie de me regarder. Est-ce là que l'amour se tricote ? Je chante faux et le bébé est heureux.
(p. 75-76)