À 22 ans, je suis en préretraite. Dans trois ans, ma carrière se limitera aux pubs de lessive et de sachets lyophilisés. Ma première ride au coin de l’œil droit m’indique que le sablier est presque vide. J’ai perdu la fraîcheur de mes 18 ans, l’arrondi innocent de mon visage vierge. À 22 ans, je me sens vieille et obsolète. Je commence à me dire qu’il est temps de mentir sur mon âge et de me faire un devis pour des injections de Botox. Dans trois ans à peine, je serai rangée dans la catégorie « maman » et l’on me demandera de montrer l’exemple aux autres aux répétitions de défilés.
L'amour de soi n'est malheureusement pas quelque chose de très présent dans notre société. Nous vivons dans un monde où tout le système publicitaire fonctionne sur le principe qu'on ne sera jamais assez belle ou assez beau (et qu'on aura toujours besoin de tel ou tel produit pour être mieux). (Lou)
l transpire tout le malaise de ce métier pour moi magique. Je ne veux pas voir toutes ces filles rêver de la même chose et rester en bas de l’échelle. Je ne veux pas de cette réalité. Je veux rester la fillette qui aime regarder la mode sur papier glacé
Mais malheureusement la mode ne veut pas de petites. Aucun client ne booke des filles de moins de 1 m 75 à Paris. Il faut aller dans de plus petites agences, qui font de la pub et non de l’édito et des défilés.
Je suis affreusement mal à l’aise. Je me demande, comme souvent, ce que je fais là, hantant ces lieux malsains comme un hologramme, au milieu de toutes ces filles à moitié nues.