Quoi de plus sot en effet, et je dirai de moins moral, que ces récompenses, ces prix qui ne sont bons qu’à faire naître ou à augmenter les sentiments mauvais que nous avons dans le cœur ? Quel est l’élève qui, au fond de l’âme, ne souhaite à son concurrent les chances les plus contraires, et ne se réjouit bien vivement de son insuccès ? Comme si on devait faire de l’art par rivalité, et non avec la seule pensée de bien faire !
On arrive, en favorisant ces mesquineries et ces petites jalousies d’enfant, à faire des artistes qui, plus tard, se cacheront pour travailler, auront peur de voir leurs procédés découverts, et ne diraient pour rien au monde à un confrère : « Je fais ainsi ; essayez » se gardant bien d’améliorer, par un conseil vrai et sincère, l’œuvre de leur camarade, souvent de leur ami.