En observant les oiseaux du littoral
extrait 2
Nos repères disparus, nous balbutions
un pêle-mêle d'apparences,
de plumages saisonniers
qui s'estompent en hiver :
le safran de tweed
de ces dos éclatants, les ventres
sombres la relique
de quelles descendances
sibyllines, quels tourments ?
Savants imbéciles, nous
avons rendu nettes
de telles constellations,
de telle gammes
d’errance, que les termes mêmes
dans lesquels nous sommes condamnés
à essayer de penser
se changent en transgression.
Mais Adam, attiré vers
ce ventre sombre,
empreinte de pouce
hypnotique et accidentelle,
en aurait déjà
été conscient
//traduit de l’anglais (États-Unis) par Gaëlle Cogan
personne n’est jamais…
personne n’est jamais
prêt : un jour à la fin de l’été,
une voiture sortie de route, un cri
mutilant et incendiaire, et pour quatre jeunes athlètes,
sans annonce tout est fini.
//traduit de l’anglais (États-Unis) par Gaëlle Cogan
ce soir-là…
ce soir-là, les jeunes athlètes
ce soir-là en tenue blanche impeccable, le poc
de la batte, le clapotis des applaudissements – comme si
le sport à l’état pur avait fermé la porte à
la fièvre et aux grelottements, à la nausée, aux hémorragies,
à toute l’obscénité de mourir jeune
Ô, ou de mourir à quelque âge que ce soit, par degrés
ou par accident : d’être vivant
n’est rien qu’une embuscade…
//traduit de l’anglais (États-Unis) par Gaëlle Cogan
En observant les oiseaux du littoral
extrait 1
Donner plus que des noms
à ces arrivées aléatoires —
bécasseau et tournepierre,
pluvier argenté ou fauve,
chancellent et baguenaudent
en partance vers
ce qui peut être interprété comme
une sorte d'Althing aviaire
là-bas à la Thingstead,
la synagogue à toit découvert
de la toundra — c'est déjà
avoir commencé à faire fausse route.
De quel calcul infinitésimal, quel
accordage, quelle télémétrie
insondée dans la
rétine, quelle faim
surmultipliée pour le jour
nocturne de l'arctique,
sommes-nous les voyeurs ?
…
//traduit de l’anglais (États-Unis) par Gaëlle Cogan