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Citation de Medelie


Djuna se taisait. Elle savait bien qu’il n’y avait aucune raison d’être jaloux du passé, que les caresses et les étreintes les plus profondes étaient enfouies dans le grenier du cœur et n’avaient aucune possibilité de revivre, de redescendre dans les chambres ensoleillées du présent. Elles restaient emballées dans la poussière et la pénombre, et si par quelque vieille association d’idées il arrivait qu’une ancienne émotion ressuscite, ce n’était que le temps d’un éclair, comme un écho, intermittent et passager, de mondes évanouis. Nos impressions les plus indélébiles étaient balayées par la vie, noyées, dans le Styx de l’oubli. Le corps lui-même avait ses zones profondes et ses périphéries, et sa façon mystérieuse de maintenir les intrus sur ses lisières. Des millions de cellules dressaient un barrage protecteur autour du cœur, contre les revenants et les fantômes des amours mortes.
[…] Aussi, chaque fois que Rango se mettait à fouiller comme un inquisiteur dans les souvenirs de Djuna avec l’espoir d’y débusquer l’intrus, d’en chasser Paul, Djuna riait : « Ta jalousie est vraiment nécrophile ! Tu déterres les morts !
— Mais toi tu les adores ! Je suis sûre que tu leur apportes des fleurs tous les jours.
— Je t’assure que je ne suis pas allée au cimetière aujourd’hui, Rango !
— Tant que tu es ici, je sais que tu m’appartiens. Mais dès que tu grimpes ton petit escalier et que tu sors de la péniche, de ton petit pas vif, tu pénètres dans un autre univers et tu m’échappes.
— Mais toi aussi, Rango, quand tu montes l’escalier tu pénètres dans un autre univers et tu m’échappes. Tu appartiens à Zora, à tes amis, à tes bistrots, à la politique. »
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