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Citation de Medelie


Djuna finit par voir l’autre visage de Zora.
Elle avait déjà vu cette expression quelque part, mais elle n’arrivait pas à savoir où. Puis cela lui sauta à l’esprit.
C’était chez les mendiants professionnels. Lorsque Zora énumérait toutes ses souffrances de la journée, c’était comme ces litanies plaintives devenues trop parfaites à force de répétition.
Sous le ton douloureux, on décelait une longue pratique de ce ton douloureux.
Et pourtant Djuna avait honte de douter des souffrances de Zora, comme on a honte de douter de la misère d’un mendiant. Elle se disait, comme on se dit parfois en regardant ceux qui mendient, qu’à force d’imiter la souffrance pour impressionner le public, ils finissent par ne plus pouvoir s’en passer, c’est leur unique moyen de subsistance, leur raison de vivre et de se faire protéger. Leur enlever cela, c’est leur enlever le droit à la pitié.
Pourquoi réserver sa pitié pour les souffrances non exploitées, pour les souffrances récentes et sincères ? La misère du pleurnicheur professionnel était son seul atout.
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