Les mots rythment mes heures, parfois d’une grande joyeuseté, parfois comme une condamnation, le plus souvent traversés d’un souffle de mélancolie, voire d’angoisse. Ils sont une constance à travers les changements et les bifurcations. La seule constance, peut-être. Ils sont une passerelle, mais aussi un rempart. Ils disent, et à la fois contredisent, et à la fois déguisent. Le gouvernail et les voiles de notre barque désarrimée. Ils m’ont permis les plus beaux voyages ; mais aussi cette contemplation des ténèbres qui a dévoré une si grande part de ma vie. Je m’y tiens en un équilibre précaire. Mon balancier, de plus en plus, se gauchit. D’un côté, le vide, qu’il me reste à explorer, quitte à y être aspirée et broyée. De l’autre, un désert auquel me condamneraient le silence des mots et l’abandon de l’écriture. Un désert qui porte ton visage.