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Citation de enkidu_


Du point de vue indien, on ne peut dire qu’un homme connaît, que s’il connaît par cœur ; ce qu’il doit consulter dans un livre pour se le remettre en mémoire, il n’en a qu’un simple aperçu. Aujourd’hui encore, il y a des centaines de milliers d’indiens qui, quotidiennement, récitent par cœur la totalité ou une grande partie de la Bhagavad Gitâ ; d’autres, plus savants, savent réciter des centaines de milliers de vers de textes plus longs. C’est par un chanteur de village itinérant, au Cachemire, que j’ai entendu chanter pour la première fois les odes du poète classique Djalâl-al-Din Rûmî. Depuis les temps les plus reculés, les Indiens ont considéré que l’homme savant était celui, non pas qui avait beaucoup lu, mais qui avait reçu un enseignement approfondi. La sagesse s’apprend beaucoup mieux auprès d’un maître que dans n’importe quel livre.
(...)
Platon soutient que celui qui est sérieux n’écrira pas mais enseignera, et que, pour peu que le sage écrive, ce sera soit un simple divertissement - les pures « belles-lettres » - soit pour se constituer un mémento lorsque sa mémoire sera affaiblie par la vieillesse. Nous savons exactement ce qu’entend Platon par « sérieux » ce n’est pas à propos des affaires humaines ou des personnes, mais eu égard aux vérités éternelles, à la nature de l’être réel et à la nourriture de notre partie immortelle, que le sage sera sérieux. Notre partie mortelle peut vivre « de pain seulement », mais, c’est par le Mythe que notre Homme Intérieur est nourri ; si nous remplaçons les mythes véritables par les mythes propagandistes de la « race », du « développement », du « progrès» et de la « mission civilisatrice », l’Homme Intérieur meurt de faim. Le texte écrit, comme le dit Platon, peut servir à ceux dont la mémoire a été affaiblie par la vieillesse. Ainsi, c’est dans la sénilité de la culture que nous avons jugé nécessaire de « conserver » les chefs-d’œuvre de l’art dans des musées et, en même temps, de fixer par écrit et, ainsi, de « conserver » (ne serait-ce que pour les savants) tout ce qu’on peut « recueillir » des littératures orales qui, autrement, seraient perdues à tout jamais ; et cela doit être fait avant qu’il ne soit trop tard. (pp. 40-41)
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