Écoutez !
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L’Amour, plein de fausseté,
Prend le miel, laisse la cire,
Et pèle pour lui la poire.
Écoutez !
Pour qu’il soit doux comme lyre
Il suffit de le couper.
Bien fait pacte avec le Diable,
Qu’il fraye avec Fausse-Amour,
Verge il donne pour le battre.
Écoutez !
Tel sans rien sentir se gratte
Qui enfin s’écorche vif.
L’Amour est de sale race ;
Sans glaive il tua mille hommes.
Je ne sais plus grand sorcier ;
Écoutez !
Du plus sage il fait un fol
Dès qu’il le tient dans ses rêts.
Il ressemble à la cavale
Qui tout un jour vous emporte
Sans vous donner nulle trêve ;
Écoutez !
Et vous traîne sur les lieues,
Sans souci de votre faim.
Je sais, pour moi, si l’Amour
Est aveugle ou s’il est bigle.
C’est le miel sur le venin :
Écoutez !
S’il pique moins fort qu’abeille,
Il est plus long d’en guérir.
Qui se règle sur la femme
En pâtit avec justice.
L’Ecriture nous enseigne,
Écoutez !
Malheur, malheur à vous tous
Qui ne vous en gardez point !
Marcabrun par Marcabrune
Fut produit sous un tel astre
Qu’il sait comme Amour dévide.
Écoutez !
Onc il n’en aima aucune
D’aucune il ne fut aimé.
// Marcabru (1110 -1150)
/ Traduit de l’occitan par André Berry