UN RÊVE
0 nuit, qui de lueurs fraîches déjà ranimes
L'aile du songe au frêle azur du souvenir,
N'est-ce pas toi qui pour le réveil fais s'ouvrir
Mes rideaux de ténèbre au cri clair des abîmes ?
Le reflux de la vague au roc que nous gravîmes
Plus loin, — comme tu dors, Chère! — semblait dormir.
Dans ta poitrine et tes seins nus sens-tu courir
L'âpre frémissement des lames unanimes ?
Au fond d'un tel silence en nous et au dehors
J'étreins, d'une ferveur qui s'accroît, ton beau corps
Si calme, et je te regarde vivre, Vivante !
Repose ainsi longtemps, très tendre ! Je te tiens
Et tu m'aimes ! — Pourquoi brusquement sur les miens
Fixes-tu tes yeux durs, que creuse une épouvante ?