André-François Ruaud

Holly et ses amis ont créé une immense base de données baptisée la Forêt des Mots, quelque part sur le web, pour s'assurer que l'autoroute de l'information se rappellera les vieilles technologies - les livres et les presses typographiques étaient, après tout, des inventions miraculeuses en leur temps - alors, même qu'elle embrasse les nouvelles. J'ignore combien de personnes sont impliquées dans le projet, mais ils y travaillent depuis des années. Le Net les rassemble depuis les quatre coins du monde, et chaque participant ajoute des titres, auteurs, biographies, anecdotes, critiques, renvois, tout ce qui leur semble pertinent, à cette incroyable forêt d'informations qu'ils cultivent.
J'ai voulu me connecter un jour où je rendais visite à Holly, et j'ai perdu un après-midi collé à l'écran, à suivre une piste obscure qui avait démarré par une nouvelle de Sherman Alexie dont je cherchais la trace, pour aller se perdre dans un fourré de dissertations sur l'identité de Shakespeare. Holly a éclaté de rire quand je suis remonté à la surface.
"La Forêt des Mots est comme ça, m'a-t-elle expliqué. Un de ces jours je vais m'aventurer là-dedans et oublier de revenir."
[Saskia - Charles de Lint]