Un voyage qui commençait dans la nuit et le noir, comme ses rêves d’enfant. Mais le noir n’était pas vraiment noir. Sauf l’eau, peut-être, terrifiante. La lune s’y éclatait en échardes ondulantes de lumière jaunâtre, et les étoiles, mais aussi les lucioles, y tremblaient. Le noir de l’eau était bordé du mur de noirceur encore plus dense, plus immobile, de la végétation, et c’est de ce noir compact que montait une infinité de bruits de vie terrestre ou aérienne, des vibrations lentes ou brutales que Jean-Mohamed n’avait jamais entendues, des lenteurs reptiliennes qui glissaient dans l’invisible, des rires cassés qui jaillissaient brutalement du néant, des raclements répétés à l’infini de gorges palpitantes.