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Citation de Charybde2


À cinq heures et demie du matin, pas pile mais pas loin alentour, ‘ne mouche, qui semblait depuis longtemps canée, collée à la vitre de la fenêtre, ouvrit tout à coup les ailes, se les nettoya soigneusement en les frottant bien bien puis prit son envol et un peu après vira pour s’en aller se poser sur la table de nuit.
Là, elle resta un moment immobile à bader la situation, puis elle fonça dans la narine gauche de Montalbano qui dormait de bon cœur.
Dans son sommeil, le commissaire ressentit une désagréable démangeaison au nez et, pour se la faire passer, il se balargua ‘une puissante torgnole sur le visage. Mais, abruti qu’il était par le sommeil en cours, il n’en calcula pas la force, de sorte que le grand coup qu’il se flanqua eut deux résultats immédiats : celui de l’aréveiller et celui de lui écraser le nez.
Il se leva d’un bond en jurant à un rythme de mitraillette pendant que le sang lui giclait comme d’une fontaine, il s’aprécipita à la cuisine, ouvrit le frigo, agrippa deux glaçons qu’il s’appliqua à la racine du nez et s’assit en gardant la tête en arrière.
Au bout de cinq minutes, le sang se tarit.
Il passa dans la salle de bains, se lava le visage, le cou et la poitrine et retourna se coucher.
Il venait tout juste de fermer les yeux quand il sentit une démangeaison toute pareille, mais cette fois dans la narine droite. Manifestement, la mouche avait décidé de changer de zone à explorer.
Que faire pour éliminer ce grandissime tracassin ?
Après sa récente expérience, pas question d’utiliser la main.
Il secoua légèrement la tête. La mouche, loin de s’en aller, s’enfonça un peu plus profond.
Peut-être qu’en lui flanquant la frousse…
– Aaaaahhh !
Le cri qu’il poussa fut d’une puissance à l’escagasser, mais il obtint l’effet voulu. La démangeaison avait disparu.
Il se rendormait enfin quand il la sentit de nouveau passer sur son front. Jurant derechef, il adécida d’expérimenter ‘ne nouvelle stratégie.
Agrippant à deux mains le drap, il se le tira d’un coup jusque par-dessus la tête, la cachant complètement. Comme ça, la mouche ne pourrait atrouver un millimètre de peau découverte, même si, empaqueté comme il l’était, il en venait à manquer d’air.
Ce fut une victoire de très courte durée.
Même pas une minute plus tard, il la sentit atterrir sur sa lèvre ‘nférieure.
Il était clair que la sale radasse ne s’était pas envolée mais était restée sous le drap.
Un brusque découragement s’abattit sur lui. Contre cette mouche maudite, il ne gagnerait jamais.
« L’homme fort sait areconnaître sa défaite », se dit-il en se levant, résigné, avant de gagner la salle de bains.
Quand il revint dans sa chambre pour s’habiller, comme il allait prendre son pantalon sur la chaise, il vit du coin de l’œil la mouche posée sur la table de nuit.
Elle était vraiment à sa portée, et il en profita.
Plus rapide que l’éclair, il leva la main droite et l’abattit, emplafonnant la mouche qui lui resta collée à la main.
Il retourna dans la salle de bains et se lava longuement les mains en chantonnant, heureux d’avoir pris sa revanche.
Mais quand il retourna dans la chambre du pas conquérant du vainqueur, il s’aparalysa.
Une mouche se promenait sur l’oreiller.
Alors, elles étaient deux, les mouches ! Et, laquelle avait-il tuée ?
L’innocente ou la coupable ? Et si par hasard, il avait tué une ‘nnocente, c’t’erreur, un jour, quelqu’un la lui jetterait-il au visage avant de la lui faire payer ?
« Mais qu’est-ce que c’est que ces conneries qui me passent par la tête ? » se dit-il.
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