Andréa Clarke

Je sors doucement de la pièce pour la laisser se reposer tranquillement. Ma grand-tante se trouve dans l’entrée à me scruter de bas en haut avec son air de vieille sorcière sur le point de vous jeter un sort.
— Quoi ? craché-je.
— Je ne suis pas d’accord avec ta mère. Ta place était ici, pas au fin fond de l’Italie en compagnie de je ne sais qui.
— Sauf qu’on ne t’a pas demandé ton avis, lui réponds-je acerbe.
— Personne ne me demande jamais mon avis de toute façon. On pense que je suis une vieille bique trop détraquée pour être lucide. Mais je vois et j’entends tout. Les ragots ont toujours mené les gens. Pendant qu’ils s’occupent de la vie des autres, ils ne voient pas leurs propres problèmes.
— Ce qui veut dire ?
— Ce qui veut dire que tu aurais dû rester ici pour les affronter et non partir. La fuite n’est jamais une solution et ton passé te rattrapera un jour ou l’autre, lâche-t-elle, sans aucun scrupule.
— Merci, tatie Shal… mais si c’est pour me dire ça, tu aurais aussi bien pu t’abstenir. Tu ne sais absolument pas pourquoi je suis partie, alors n’essaye même pas de me juger. Compris ! crié-je.
— Ah oui, toi aussi tu me crois stupide ? Je suis peut-être une vielle folle, mais toi, tu es une écervelée. Peut-être que si tu étais restée, tu aurais découvert les choses sous un autre angle.