Ah ! ces images familières !
Toujours les talus, les brouillards,
Le bruissement des clairières,
Un peuple affamé sans espoir …
Ah ! ce pays, combien sévère !
Libre espace sans liberté …
Des champs monte une voix amère :
« Meurs avec moi sans hésiter ! »
Voici de mortelles menaces,
Voici des cris désespérés,
Des sanglots, des plaintes qui passent
En des messages éplorés.
Toutes les morts inassouvies
Sans arrêt volent dans le vent;
Dans la steppe, on fauche les vies,
Dans la steppe, on fauche les gens.
Terre glacée, plaine mortelle,
Pays maudit, pays froid,
Mère, ô Russie, patrie cruelle,
Qui s’est ainsi moqué de toi ?
(1908)