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Citation de Cornelio


Et quand, se confondant avec les pénibles tangages du bateau surpris par la tempête d'hiver, elle pleurera de ces yeux torturés, ce ne sera ni à cause des maux de son corps ni à cause de la peur qui arrachera des prières et des cris à d'autres fuyards. Elle sentira très intensément qu'il n'y a personne dans cet univers à qui elle pourrait adresser sa prière. Son être se réduira à ses plaies humides, à sa peau rongée de poux. Toutes ses pensées aboutiront à cette unique sagesse : le monde est le mal, un mal toujours plus astucieux que ce que l'homme peut supposer, et le bien est l'une de ces astuces. « Je souffre », gémira-t-elle, et elle saura qu'il n'y aura personne sous ce ciel dont elle pourrait espérer la compassion. Le seul ciel qu'elle verra sera ce rectangle de froid, d'éclaboussures salées et de rafales hurlantes derrière la porte qu'ouvriront en courant les matelots. Son unique ciel. Car ce monde, elle l'a voulu ainsi. Et il l'est devenu.
Non, elle pleurera à l'instant où son voisin, mine émaciée, regard mort, hésitera une seconde, puis partagera avec elle son pain…
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