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Citation de fbalestas


Ce monde nouveau, de plus en plus envahissant et « mixé », de la Sibérie à New York, n’aurait plus trouvé un pouce de terre pour abriter la petite cohorte d’exilés, avec leurs souvenirs, leurs espoirs et ces deux photos de famille dans la chambre où Vardan dormait sur son lit fait de valises. Du haut de l’ancien rempart, les mots d’ordre publicitaires enjoignaient de consommer à l’infini, d’assouvir une multiplicité de désirs immédiats, de changer continuellement de « localisation », de brasser les cultures, de célébrer les exotismes.
En marchant sur les lieus des temps disparus, je me demandais ce qu’il y avait d’exotique dans la vie de Vardan et la mienne, en ces années de l’empire communiste finissant. Une grande ville sibérienne, un quartier miséreux d’où l’on sortait rarement et, derrière le rempart – ces fenêtres quadrillées d’épais barreaux, l’antichambre des camps. Cette existence ne pouvait paraître que monstrueusement exiguë aux humains d’aujourd’hui, fiers de leur « citoyenneté mondiale » et ne jurant que par la « culture-monde ».
Pourtant, cette modernité-là qui se prétendait unie par la connexion de tout et de tous s’enfermait, en réalité, dans une surdité progressive.
Surtout, au regard de ce que Vardan m’avait montré, un jour, à travers les visées de notre cube de contreplaqué : cette main derrière les barreaux de fer – un prisonnier qui essayait d’ouvrir une petite fenêtre étroite de sa cellule. Brièvement, nous entrâmes avec lui dans une communion que la « connectivité » la plus sophistiquée n’atteindra jamais.
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