Bien qu'à l'origine de ces quelques pages, annotations au jour le jour, il s'agisse apparemment d'une retraite imposée, je dirais pour ma part que le résultat est un salutaire éloge à la promenade dans une nature bienfaitrice. Ces réflexions brèves, souvent très brèves portent sur des sujets très variés et sondent le moi par comparaison avec des esprits admirables tels que Constantin Noica, Georges Enesco (p. 33 de la première édition de 1993 qui fait allusion aux entretiens avec Bernard Gavoty) ou Léon Chestov. Je termine avec une mention sur la présence de dessins de Horia Bernea (son nom devrait vous dire quelque chose dans la mesure où il est intimement lié à celui du musée du paysan roumain).
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L’auteur plaide pour l’existence d’une langue originaire. De son propre aveu : « Tout le monde connaît l’histoire de la langue originaire, celle qui précédait la tour de Babel, fondement et vecteur de l'harmonie convoitée par Dieu lui-même. Cette langue, qui dans certaines traditions est appelée la langue des oiseaux, n’est cependant pas uniquement la langue de l’unité primordiale mais aussi l’horizon d’universalité vers lequel tend tout idiome particulier. Aussi, avons-nous décidé de rassembler sous cette appellation tous les essais de ce volume, car dans tous, la parole est donnée aux langages au-delà et en deçà de la langue. » (traduction du quatrième de couverture)
Andrei Pleşu présume ensuite que de manière essentiellement inconsciente est « recherchée » par l'homme. La quête tend à retrouver ce « paradis perdu de Babylone ». Les exemples sont pris dans les sphères de la philosophie (chez Platon ou Voltaire), de la psychologie (Carl Gustav Jung), de la peinture (Francesco Guardi), d’une certaine forme de « maïeutique » particulière pratiquée par le maître spirituel de l’auteur, Constantin Noica, mais aussi de la théologie et la foi (Nicolai Berdiaev, Emil Cioran, Eugène Ionesco). La question du maître spirituel revient aussi dans l'échange de missives de Sorin Vieru, avec l'auteur comme avec Gabriel Liiceanu. Les anges, équidistants des êtres humains et de Dieu, leur langue deviendrait le langage divin, céleste par excellence. L'auteur nous propose une véritable théorie de la proximité, voire une « sociologie du ciel » en invoquant en fin érudit des théologiens d'horizons divers et en guise de conclusion la parabole de « l'ânesse de Balaam ».
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Livre d’érudit, sans aucun doute, la lecture en semble néanmoins plus accessible que celle des traités habituels de philosophie, car la structure est plus libre, davantage inspirée par l’anecdotique que les plans cartésiens des ouvrages français. Noter aussi, la présence, voire l’omniprésence du maître Constantin Noica, dont l’auteur a su très vite se démarquer. Parmi les références littéraires des œuvres du patrimoine roumain comme l’Arnoteanca pour la luxure (cf. le roman de Mateiu Caragiale, « Les Seigneurs du Vieux-Castel »).
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Des articles de presse en écrasante majorité publiés entre 1990 et 1996 dans "Dilema Veche" essentiellement. Prises de positions exprimées avec élégance, pédagogie et force, sur des sujets aussi variés que le foot, Mihai Eminescu, Alexis de Tocqueville et la démocratie au forceps en Roumanie, Adrian Păunescu, Petre Tutea, l'Europe (ancienne et nouvelle). Beaucoup d'esprit, du courage parfois. Hélas, dix ans plus tard, que reste-t-il de… nos amours!
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