Pendant les quinze dernières années, Arthur Mineur est resté célibataire. Et cela, après avoir vécu de nombreuses années avec le poète Robert Brownburn, plus âgé que lui : ce fut comme un tunnel d’amour, où il s’était engouffré à vingt et un ans, et dont il avait émergé vers trente ans, ébloui par la lumière du dehors. Où en était-il alors ? Il y avait perdu la première étape de sa jeunesse, comme aurait échoué la première étape du lancement d’une fusée qui serait retombée, à court de carburant. Et voici qu’arrivait la seconde. Et la dernière. Il se jura alors de ne l’offrir à personne ; il en profiterait. Et il en profiterait tout seul. Pourtant, comment vivre seul mais ne pas être seul ?