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Citation de la_fleur_des_mots


Alors nous cachions nos peurs. Comme ma mère cachant une mèche des cheveux de son défunt frère sous le col haut de sa robe du dimanche, dans la poche qu'elle avait cousue. Vous ne pouvez pas aller et venir en laissant libre cours au chagrin, à la panique; les gens vous en empêcheront, ils vous offriront une tasse de thé pour vous calmer et vous diront de tourner la page, de faire des gâteaux et de repeindre des murs. ILs sont excusables; ne nous a-t-on pas inculqué de longue date que le monde s'écroulerait, que les villes seraient envahies par les bêtes et les lianes si on laissait le chagrin régner tel un roi fou ? Donc vous les laissez vous calmer. Vous faites le gâteau, vous repeignez le mur et vous souriez; vous achetez un nouveau congélateur comme si vous aviez les projets d'avenir. Mais, secrètement - au petit jour -, vous cousez une poche sous votre peau. Au creux de votre gorge. De sorte que chaque fois que vous souriez, ou hochez la tête à la réunion avec les professeurs, ou vous courbez pour ramasser une cuillère, ça appuie, ça pique, ça brûle et vous savez que vous n'avez pas tourné la page. Vous n'en avez même jamais eu l'intention.
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