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Citation de adrianalitdeslivres


La ville était en feu. Les étroites ruelles qui menaient aux douves, à la première terrasse, crachaient de la fumée et de la braise ; les flammes dévoraient les toits des chaumières étroitement serrées les unes aux autres, et léchaient les murs du château. À l’ouest, depuis la porte qui donnait sur le port, s’élevait un énorme vacarme, les échos d’une lutte sans merci, les coups sourds du bélier qui faisaient trembler les remparts. Ils avaient été submergés par surprise, après que les assaillants eurent renversé la barricade défendue par quelques soldats, des habitants armés de hallebardes et des arbalétriers de métier. Des chevaux enveloppés de caparaçons noirs survolaient les obstacles tels des spectres, des lames blanches et scintillantes semaient la mort parmi les défenseurs en fuite. Ciri sentit le chevalier qui l’avait emportée sur sa selle talonner violemment sa monture. Elle avait entendu son cri : « Accroche-toi, accroche-toi ! » D’autres chevaliers aux couleurs de Cintra les devan­cèrent et fondirent sur les Nilfgaardiens. Ciri aperçut la scène l’espace d’un instant, du coin de l’œil : un immense tourbillon où se mêlaient des capes bleu et or et des capes noires, au milieu du fracas de l’acier, du grondement des lames contre les boucliers, du hennissement des chevaux… Un cri. Non, pas un cri. Un hurlement. « Accroche-toi ! » L’effroi. Chaque secousse, chaque saccade, chaque soubresaut du cheval meurtrit ses mains agrippées aux rênes. Ses jambes douloureusement contractées ne trouvent pas d’appui, la fumée fait larmoyer ses yeux. Le bras qui l’entoure l’étouffe, l’étrangle, comprime douloureusement ses côtes. Alentour s’élève un cri comme elle n’en a jamais entendu auparavant. Que peut-on faire à un homme pour qu’il hurle ainsi ? La peur. Annihilante, paralysante, suffocante. De nouveau, le fracas des armes, le renâclement des chevaux. Tout autour, les maisons dansent, des fenêtres propulsées par le souffle des flammes atterrissent soudain là où, un instant plus tôt, se trouvait une ruelle boueuse jonchée de cadavres, encombrée par des biens que les habitants avaient abandonnés dans leur fuite. Derrière le dos de Ciri, le chevalier est soudain pris d’une toux étrange, rauque. Du sang gicle sur ses mains soudées aux rênes. Un hurlement. Le sifflement des flèches. La chute, la secousse, le choc douloureux contre l’armure. À côté d’elle, un grondement de sabots ; au-dessus de sa tête, le ventre d’un cheval et sa sangle déchirée passant en un éclair ; le ventre d’un deuxième cheval, un caparaçon noir volant au vent. Des geignements, semblables à ceux d’un bûcheron qui abattrait du bois. Mais ce n’est pas du bois, c’est le fer contre le fer. Un cri, étranglé et sourd. Tout près d’elle, quelque chose de grand et noir s’effondre dans un éclaboussement de boue et saigne atrocement. Son pied armé tremble, s’agite, creuse la terre de son énorme éperon.
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