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-Tu sais, Béni, c’est la première fois que je vais aussi si loin avec une cliente.

Je me fige, écarquille les yeux et entrouvre la bouche de stupeur. Pardon ?

Il hoche la tête.

-Ce qu’il s’est passé cette nuit, ce n’était sans doute rien pour toi, mais pour moi, c’était beaucoup. J’ai dépassé ce que je m’octroie d’habitude. Mais c’était plus fort que moi. Merde… tu étais si chaude.

Face à mon air stupéfié, il sourit et ajoute :

-Je veut dire, ta peau… Ta peau était si chaude, si douce. Je rêvais de t’arracher ce putain de t-shirt. Je rêvais de sentir des seins sous ma langue.

J’humecte mes lèvres avec nervosité, mais celle-ci est bien différente du sentiment que je ressentais un instant plus tôt. Mon pouls bat toujours aussi vite, mais pour une raison bien différente. Jelan est en train d’allumer un feu sous ma peau, à l’intérieur de ma chair, depuis mon bas-ventre, l’intérieur de mes cuisses jusqu’à ma nuque sur laquelle se dressent mes petits cheveux.

-Je ne simulais pas cette nuit, Béni. J’avais envie de te toucher, de te sentir, de me glisser en toi.

Même mon oreille, dans laquelle il laisse échapper ces mots, frissonne de plaisir. Ses doigts continuent de caresser la base de ma nuque et je suis à deux doigts de saisir sa bouche, de le mordiller et d’arracher son costume trois-pièces en plein milieu de la cérémonie.

-J’avais envie d’admirer ton corps, nu et totalement offert à mes caresses. Bon dieu, Béni, j’aurai donné n’importe quoi pour sentir tes lèvres sur moi et glisser ma langue en toi. Je t’aurais léchée jusqu’à ce que tu te délites et me supplies de te pénétrer. Je voulais sentir ton goût, le connaître, entendre tes petits cris.

Il se pince les lèvres d’une manière si sexy que je manque de gémir. Avec ma mère dans la rangée précédent la mienne, ce serait sûrement de mauvais goût. Il saisit mon lobe d’oreille entre son pouce et son index et y colle ses lèvres pour chuchoter :

-Je t’aurais fait l’amour si longtemps que tu n’aurais pas pu t’asseoir aujourd’hui.

Je manque de rire et son sourire me revient comme un boomerang en pleine tête. Son air moqueur vivote dans son iris, avec cet éclat en plus d’impudicité et de désir. Si Jelan ment, il est encore plus doué que tous ceux que j’ai pu rencontrer jusque-là, du politicien aux actionnaires, en passant par l’avocat véreux.

-Tu es si sûr de toi, murmuré-je en écho.

Son sourire s’agrandit. Il s’écarte légèrement, me laissant la possibilité de reprendre mon souffle, puis jette un œil en direction de l’estrade. Je suis son regard et, surprise, constaste que ma sœur est bel et bien mariée, son alliance au doigt. Je m’en détourne aussitôt et repose les yeux sur Jelan qui, tout fier de lui, détend son bras droit jusqu’à couvrir mes épaules.

-Tu es… grogné-je sans parvenir à finir ma phrase.

-Charmant ?

Je plisse le nez et tente d’effacer les vagues de désir et d’excitation qui déferlent dans tout mon être.

-Sadique !

Sa main se referme sur mon épaule et m’attire contre son torse. Ma sœur embrasse Laurence à pleine bouche, mais je fonds mon attention sur la personne à mes côtés, si désireuse de me satisfaire, même si ce n’est qu’en pensée. La bouche de Jelan est à quelques centimètres des miennes. Son parfum m’assaille de toutes parts et mes bonnes résolutions de le tenir éloigné volent en éclats. Comment lui résister ?

-Crois-moi, Béni, c’est la dernière chose que je veux. Je pensais vraiment ce que je viens de te dire.
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