Angélique Brazier

J’ai envie de protester, de l’insulter, de lui rappeler que Romy a deux parents et que l’un d’entre eux n’en peut plus. Mais tout ce que j’arrive à faire, c’est lâcher un petit gémissement, avant que les larmes que je refoule depuis mon réveil sillonnent mon visage. Se mêlant aux gouttes chaudes qui tombent du pommeau de douche.
Je souhaite que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve.
J’aimerais retrouver celle que j’étais il y a quelques mois, à peine. Je voudrais arrêter cette culpabilité qui me ronge à chaque instant. Et qui empire lorsque je navigue sur les réseaux sociaux, où, toutes ces mamans aux profils parfaits semblent m’enfoncer encore plus profond que je ne le suis déjà.
Pourquoi je suis cernée, et douchée qu’une fois par semaine, alors qu’elles, sont minutieusement maquillées chaque jour ?
Pourquoi je n’arrive plus à sourire, alors que pour elles, cela paraît si naturel et simple ?
Pourquoi chez moi, la saleté est-elle devenue la nouvelle décoration, alors que chez elles, ce sont toutes des maisons témoins pour magazine ?
Pourquoi est-ce que je ne suis pas une maman parfaite, comme elles ?
Enroulée sur moi-même, au fond de la douche, je laisse les larmes me noyer. En culpabilisant de ne pas être la mère que je rêvais d’être.