Identifier les influences politiques et sociales réciproques de la colonie et de la métropole n’est pas chose facile. Des évaluations approfondies actuellement conduites dans les domaines historiques, anthropologique et littéraire redéfinissent nos champs d’investigation et les questions mêmes que nous devons poser. Dans ce foisonnement de travaux sur le colonialisme, nous nous intéresserons plus particulièrement à la contingence des connexions métropoles-colonies et à ses conséquences sur les formes de gouvernement impérial
Partant de l’idée que les transformations sociales sont le produit de processus globaux et de luttes locales, nous traiterons la métropole et la colonie dans le cadre d’un seul et même champ analytique, en nous interrogeant sur l’influence que l’on accorde aux connexions causales et à la primauté des intermédiaires dans ses différentes composantes
pourquoi les rapports entre l’éducation des enfants et le pouvoir colonial, l’allaitement maternel et les frontières culturelles, les domestiques et les sentiments, ou la sexualité illégitime, les orphelins et la race sont devenus des enjeux prioritaire pour l’État, au cœur de la politique coloniale
L’examen de ces appréciations discordantes montre clairement que les archives coloniales dont nous sommes si dépendants sont en elles-mêmes des artefacts culturels, reposant sur des structures institutionnelles qui effaçaient, secrétaient et valorisaient certains types de savoirs
la définition juridique d’un Européen différait en fonction des contextes coloniaux, révélant les contradictions inhérentes aux critères mouvants en fonction desquels étaient assignés la supériorité raciale et les privilèges européens concomitants
Notre intérêt porte davantage sur les apports respectifs des colonies et des métropoles à la dialectique de l’inclusion et de l’exclusion, et sur les distinctions existant entre le domaine colonial et le domaine métropolitain. Nous voulons explorer, au sein de l’espace commun des différences de l’empire, les hiérarchies de productions, de pouvoirs et de savoirs qui émergèrent en réaction à l’extension du domaine de la raison universelle, de l’économie de marché et de la citoyenneté
l’espace domestique, était bien la « maison des Néerlandais et le « lieu de travail » de leurs domestiques
l’évolution de la place des femmes n’a pas été le résultat d’une pénétration du capitalisme per se, mais bien la marque d’une évolution plus subtile de la politique de classe et de la moralité de l’empire, en réponses aux échecs de projets coloniaux particuliers
Nous plaidons en faveur non seulement d’une relation plus dynamique entre ces deux approches, mais surtout d’un questionnement minutieux de la relation entre État colonial et État métropolitain, et entre construction d’une nation et construction d’un empire
l s’agit bien davantage de reconnaître que des histoires coloniales spécifiques ont façonné celles et ceux qui devaient composer ces populations nationales, ou qui – à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières – ont été dispersés, disloqués et ségrégés