Si je reste longtemps sans écrire, les mots tournoient dans ma tête et m’empoisonnent, comme le lait qui tourne dans le sein d’une mère. Je me sens mal, je délire, la tête pleine d’images que je crois bien trouvées. Ce malaise prend fin dès que j’ai accès à un ordinateur, un cahier ou, au pire, des oreilles bienveillantes (mais dans ce cas, la littérature mondiale risque d’être privée de mon génie, car ce que je raconte à haute voix ne m’intéresse plus). Cette fois-ci, l’intoxication risquait de durer : déjà qu’à Moscou rien n’était pareil, et me voilà maintenant avec des hallucinations, des documents bizarres, et en plus ce prix débile.