Excepté la loi Camille Sée, qui interdit l'enseignement de la philosophie aux filles dans l'éducation publique, aucune législation ne déclare officiellement interdites aux femmes les études supérieures de philosophie, les concours et leur admission dans cette profession – sans doute ne parait-il pas nécessaire de légiférer sur ce qui est jugé inexistant et impossible. Celles qui souhaitent philosopher s'engouffrent dans cette brèche pour tenter d'être philosophes malgré tout. À travers divers chemins, où les destins individuels et collectifs s'entrecroisent constamment, elles entreprennent de remettre en cause ce traitement asymétrique. L'histoire des femmes philosophes est celle de ce long combat. Professeurs particuliers, formations autodidactes, écoles privées, réseaux de connaissances, dérogations légales, appuis masculins, militantismes féminins ou féministes sont autant de stratégies d'adaptation développées pour garantir leur désir de philosopher.
Entre 1880 et les années 1940, en dépit de l'interdiction établie par la loi Camille Sée (maintenue jusqu'en 1924), pas moins de 169 agrégées et 35 docteures se sont ainsi confrontées à la philosophie