Il m’a conduite à sa voiture, puis m’a emmenée dans un petit restaurant niché dans un village retiré. Nous étions dans un petit coin, à l’abri des regards, tout à nous. Là encore, je n’ai pas vu la soirée passer. Nous avons beaucoup parlé. De temps en temps, un silence s’installait, mais j’étais bien, et je crois que lui aussi. Je n’osais pas trop lui parler de son groupe, du groupe, celui que des millions de gens à travers le monde admiraient. Je lui ai demandé pourquoi il avait choisi la France. C’est là que j’ai appris qu’il ne passait pas toute l’année en France, mais qu’il y venait seulement de temps en temps pour s’y reposer, quand il avait le temps. Je me suis alors dit que le destin avait bien fait son travail : pour la première fois de ma vie j’étais venue ici et lui y était au même moment. Quelque part, j’avais presque envie d’appeler Sacha pour le remercier. S’il ne m’avait pas quittée, serions-nous venues nous installer ici pour quelque temps ?
J’ai repris ma respiration.
— J’ai peur Sophie.
Mon amie est devenue sérieuse :
— Peur de quoi ?
— Je ne sais pas justement. De mes sentiments peut-être. Je suis heureuse, mais j’ai envie de pleurer. Tu as déjà connu ça ?
— Euh c’est à dire que oui j’ai déjà pleuré par amour, mais en général c’est que je n’étais pas heureuse.
Vu le ton qu’elle avait pris, j’ai été obligée de rire.
— Mais je suis tellement bien que j’ai envie de le crier sur tous les toits. J’ai toujours envie d’être avec lui. Dès qu’il me touche, je frissonne. J’ai envie de pleurer de bonheur certainement, mais c’est effrayant. Est-ce que j’ai déjà pleuré de bonheur dans ma vie ?
— Je crois vraiment Rachel que tu as eu un coup de foudre.
— Mais il est vieux non ?
J’ai souri. J’avais toujours apprécié le franc parler de Sophie.
— Euh oui, quelques années de plus.
— Et il a un accent, il n’est pas français ?
— Non pas vraiment.
— Il me dit quelque chose, son visage ne m’est pas complètement étranger. Mais je n’arrive pas à savoir pourquoi.
J’ai dû lui dire qui il était. Elle n’en revenait pas. Mais bon après tout, les musiciens étaient des gens comme tout le monde…
J’ai souri, et moi-même j’ai senti mes yeux pétiller. Je ressentais quelque chose de fort à l’intérieur de moi, non pas parce qu’il était M. du célèbre groupe, mais tout simplement parce qu’il était lui, simple et charmant, et que dès le premier regard, mon cœur avait chaviré.