Et tournant bride, il tira son épée du fourreau et blessa au visage le premier de ceux qui le poursuivaient. À cette vue, les Celtes en conclurent qu'ils désespérait de son propre salut et, comme ils savaient par expérience qu'avec de pareils sentiments les hommes sont invincibles, ils reculèrent et cessèrent leur poursuite. Ainsi délivré de ceux qui étaient à ses trousses, [l'empereur] échappa au péril. Loin d'être abattu malgré la fuite, il se mit à rallier quelques fuyards et à se moquer des autres, bien que la plupart feignissent de ne pas le reconnaître. Après s'être sorti du danger de cette manière, il rentra dans la capitale pour y réunir de nouvelles armées et marcher contre Bohémond.
Car au même moment, le Scythe s'était soulevé au Nord, le Celte à l'Ouest, l'Ismaélite à l'Est, pour ne rien dire des dangers de la mer, rien des barbares qui dominaient les océans, rien des innombrables vaisseaux pirates que la fureur des Sarrasins mit en chantier, que la convoitise des Vétons et leur hostilité contre l'empire romain mit en ligne. Car tous jetaient des regards envieux sur lui. Il est naturel en effet que l'empire romain, en qualité de souverain des autres peuples, ait ses sujets comme ennemis, et que tous, les uns comme les autres, accourent sur terre et sur mer.
Pour le dire en bref, on n'avait jamais vu auparavant sur la terre des Romains homme pareil à celui-là, barbare ou grec, car sa vue engendrait l'admiration, et sa renommée, l'effroi.