Avec les années 80, la peinture traditionnelle passe par la crise la plus grave qu’elle ait connue depuis la guerre. Les artistes (...) souffrent tous de la même maladie : l’épuisement des conventions qui définissent leur manière de peindre. Il n’y a plus de grands initiateurs
ni de courants dominants.
L’art contemporain est divisé en un essaim de tendances et de modes : l’art n’est plus un mais pluriel.
Aux USA, sur la toile de fond des “années Reagan”, le graffity art, dont les deux vedettes sont Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Keith Haring (1958-1988).
Tout a commencé dans la périphérie délabrée de New York, parmi les communautés marginalisées de culture “black”.
Dérivé du tag, le graffiti est un moyen de revendication et de lutte contre l’exclusion. Il traduit la frustration de minorités raciales ou sociales qui créent leur propre forme d’art, sans essayer de plaire au grand public. Du mur à la toile, des États-Unis au Japon en passant par l’Europe, des artistes graffitistes sont remarqués et entrent dans les galeries et le circuit du marché de l’art.
Les artistes de la jungle des subways, avec leurs bombes aérosols, traitent tous les supports : couloirs et wagons de métro, panneaux publicitaires et façades de buildings, comme une seule et même surface, “all over”, que jamais peintre n’a pu rêver plus ouverte.
Jean-Michel Basquiat, représentatif du graffity art, évolue dans l’underground new-yorkais et couvre de tags et graffitis signés Samo “same old shit” les murs du métro et de Soho. C’est le premier artiste afro-americain à être reconnu dans le monde de l’art moderne. C’est aussi l’un des premier à faire des peintures-collages-écritures sur tous les matériaux à sa disposition : planches abandonnées, châssis de fenêtres... Peintre mais dessinateur avant tout, c’est un génie du crayon qui transforme une addition à payer dans un restaurant en une œuvre d’art. Il s’inspire de l’expressionnisme abstrait, du pop art et de l’art brut de Jean Dubuffet (1901-1985).
Mais, chez Basquiat, l’esprit de l’action painting ne se situe pas dans les mouvements de la main de l’artiste guidé par l’impulsion du moment. Sa force réside dans l’apport d’une variété d’éléments disparates qui coexistent, chacun avec sa résonance propre. L’œuvre d’art et l’objet ne s’affrontent plus mais se côtoient sur un même plan : l’unique et la série, l’imaginaire et le réel, l’abstrait et l’image. Très marqué par la beat generation, Basquiat ajoute des mots concepts, des vers, des poèmes dans ses toiles.
Dessins ou mots favoris - les dents par exemple, ou le mot copyright - sont répétés et amplifiés de peinture en peinture, illustrant
les thèmes majeurs de notre temps. Ses peintures fonctionnent comme un miroir, réfléchissant ce qui se trouve autour de lui.
Mais le miroir n’est pas passif : il interpelle l’œil ou la voix. Comme un œil, la peinture observe et interprète la vie. Puis, elle devient voix, claire énonciation de ce qui a été vu. Nombre de mots clés des peintures de Basquiat résonnent dans la tête de celui qui les regarde. Entre l’écriture et les images, une relation de parenté complémentaire se développe : l’écriture devient image et les images deviennent mots.
Malgré une brève mais exceptionnelle carrière, Jean-Michel Basquiat incarne l’art des années 80.
Il décède le 12 août 1988 d’une overdose d’héroïne.
(pages 176, 177, 178)
Quant à l'origine du terme "cubisme", il apparaît en 1908 sous la plume de Vauxcelles à propos des tableaux de Braque : "il méprise la forme et réduit tout, sites, figures, maisons... à des cubes." C'est Apollinaire qui donnera au terme "cubisme" sa consécration officielle en conférant au mouvement une théorie esthétique conceptualisée.
(page 151)
La peinture des origines à nos jours de Anne Kieffer
Si le sport parle au corps, n'oublions jamais que l'art s'adresse à notre âme, et notre société actuelle, plus que jamais en quête de sens et de valeurs, a "faim d'art". Sans art, l'homme se désincarne. (page 13)